Il est tôt. Il fait humide et froid. Il aurait bien aimé rester au lit, faire la grasse matinée comme ceux qui se le permettent sans craindre pour leurs finances. Mais, lui, est obligé d'aller bosser. Il n'est pas le seul à se lever aux aurores. Jour après jour, il fait la rencontre d'hommes et de femmes qui sont dans le même cas. Beaucoup, comme lui, se réveillent aussi tôt. Pas pour le plaisir d'aller dehors respirer un air pas encore pollué par les tuyaux d'échappement, mais pour tenter de gagner honnêtement leur vie. À la force de leurs bras ! À la sueur de leur front ! Il pense, pour l'avoir déjà vécu, que personne, ou presque, ne pourrait lui venir en aide, au cas où les ennuis s'amoncelleraient. Parce que ceux qui l'entourent sont, en majorité, confrontés aux mêmes difficultés quand ils ne le sont pas à pire. Il a déjà une femme d'un âge moyen à l'arrière de son véhicule quand, traversant El Biar, il en aperçoit une autre qui lui fait signe de s'arrêter. Celle-là, un peu plus âgée, s'empresse de monter à bord. Elle va dans la même direction. Une centaine de mètres plus loin, c'est un homme en uniforme qui hèle le taxi. Un policier qui demande à se faire déposer vers l'hôtel El-Aurassi. Vous vous demandez pourquoi je raconte ça ' La situation va prendre une tournure inhabituelle à hauteur de l'hôtel en question. Le policier descend du taxi, claque la portière et commence à traverser l'avenue. Son allure décontractée stupéfie les deux femmes à l'arrière du taxi. Mais voilà que les choses ne se passent pas comme on les raconte habituellement. Le client, fort de son apparence, est rattrapé par un chauffeur qui n'a pas froid aux yeux. Il est tombé sur un homme conscient d'être dans son bon droit et peu enclin à céder au fait accompli. Celui qui vivait le transport gratuit comme une évidence a appris, ce jour-là, que l'uniforme pouvait ne pas impressionner. Surtout quand il se faisait injuste. «Ça te fait 30 dinars ! Toi, tu as un salaire fixe qui tombe tous les mois. Pas moi ! Alors, tu me payes ou je dépose une plainte !» Le chauffeur, prêt à pousser loin la confrontation, n'a pas eu à le faire. Penaud, le policier a allongé l'argent !M.?B.?
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Posté Le : 06/01/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Malika Boussouf
Source : www.lesoirdalgerie.com