Algérie

Lourdes pertes mauritaniennes dans des combats avec AQMI au Mali: Risque d'embrasement au Sahel



Des combats meurtriers ont eu lieu au nord du Mali entre l'armée mauritanienne et des éléments de l'AQMI.

Les Mauritaniens auraient subi des pertes élevées. Les combats sont sans lien avec l'enlèvement des 7 employés - dont 5 Français - au nord du Niger. Le Quai d'Orsay a tenu à le souligner. Politiquement, le président du Mali se livre à des propos polémiques et accuse l'Algérie de repousser «ses islamistes» vers son pays.

 Des combats meurtriers ont opposé l'armée mauritanienne à des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au nord du Mali. Ils interviennent à la suite de l'enlèvement, dans la nuit du mercredi à jeudi, au nord Niger, d'un groupe de 7 personnes dont cinq Français, employés de l'entreprise française Areva et de Sogea-Satom, filiale BTP pour l'Afrique du groupe Vinci. Alors qu'aucune information n'était disponible sur le sort des otages, la France a tenu à souligner qu'elle n'est pas engagée dans les opérations qui opposent l'armée mauritanienne à l'AQMI au nord du Mali. «Il n'y a pas de forces françaises sur le terrain» et ces combats «sont indépendants de l'enlèvement des employés du groupe français Areva», a déclaré un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. La précision paraît s'adresser à l'AQMI, détenteur présumé des otages.

 Des forces spéciales françaises avaient participé, fin juillet, avec les forces mauritaniennes, à un raid contre une base de l'AQMI qui s'est «vengé» en tuant l'otage français Michel Germaneau. Alors que les groupes français Areva et Vinci évacuent leur personnel français dans un climat marqué par des soupçons de complicité au sein des forces chargées de sécuriser le site d'Arlit où ont eu lieu les enlèvements, la précision du porte-parole du Quai d'Orsay est destinée à marquer, sans la désavouer, une distance à l'égard de l'opération mauritanienne.  

Des soucis pour Paris

Le timing de l'opération, 48 heures après l'enlèvement, pourrait en effet être préjudiciable aux otages. En marquant clairement qu'elle n'est pas impliquée dans les affrontements au nord du Mali, la France a pour objectif évident de préserver la vie des otages et de marquer une certaine disponibilité à chercher une solution avec les ravisseurs. Le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a abrégé sa visite au Canada pour participer à la gestion de l'affaire des otages français. Les responsables mauritaniens ont d'ailleurs confirmé que l'opération contre l'AQMI au nord du Mali était leur propre initiative et n'avait pas de rapport avec l'enlèvement au Niger. «L'opération a été lancée parce que l'occasion s'est présentée. Ce n'était pas planifié longtemps à l'avance», a déclaré un responsable des services de sécurité mauritanien, cité par une agence de presse. L'opération des militaires mauritaniens, qui a consisté en l'encerclement d'une vingtaine de véhicules du groupe de djihadiste, ne semble pas avoir un franc succès. Le bilan «provisoire» des Mauritaniens faisait état de 5 militaires tués, 9 blessés et de 12 éléments de l'AQMI tués.

La bérézina pour l'armée mauritanienne ?

Une source sécuritaire algérienne, citée par AFP sous couvert de l'anonymat, donne un bilan de pertes mauritaniennes «d'au-moins dix morts». «Puisque vous parlez de chiffre, je dis au moins dix. De leur côté, «les islamistes ont perdu pour le moment moins de cinq personnes. Ils ont aussi des blessés. Mais il y a eu de nombreuses victimes parmi les militaires mauritaniens». Le chiffre des pertes mauritaniennes pourrait être de 15 morts. «Au moins cinq véhicules de l'armée mauritanienne sont tombés aux mains des islamistes et le nombre de morts s'élève actuellement à au moins 15», a indiqué par la suite cette source. Des témoignages de nomades cités par un élu du nord du Mali indiquent que «beaucoup de militaires mauritaniens sont morts». On est donc loin d'un «encerclement» où l'armée mauritanienne aurait l'initiative sur tous les plans. Si ce bilan des pertes élevées dans les rangs de l'armée mauritanienne se confirme, il faudra s'attendre à de vifs débats à Nouakchott où l'opposition s'est montrée particulièrement critique à l'égard du raid mené avec les forces spéciales françaises au nord du Mali à la fin de juillet dernier. Alors qu'une source diplomatique française se félicitait «que les Etats de la région, et en particulier la Mauritanie, assument leurs responsabilités dans la lutte contre Aqmi», la question «technique» des capacités de l'armée mauritanienne à mener des opérations loin de ses bases est posée.

ATT critique l'Algérie

Au plan politique, le président malien Amadou Toumani Touré, dont le pays est considéré comme le ventre mou dans la région sahélienne, s'est lancé dans des propos polémiques vis-à-vis de l'Algérie dans un entretien accordé à des médias français dont le Monde. Selon ce journal, Amadou Toumani a accusé l'Algérie, «à mots à peine couverts», de repousser «ses islamistes» vers le Sahara malien. «Ceux qui nous accusent n'ont qu'à empêcher les salafistes de venir chez nous. Ces gens-là ne sont pas Maliens. Ils sont venus du Maghreb. Nous n'avons rien à voir avec cette histoire. Depuis neuf siècles, notre islam est ouvert et respectueux de la vie humaine». Le président malien refuse que son pays soit considéré comme un «maillon faible». «Il n'y a pas de chaîne ! Comment voulez-vous qu'il y ait un maillon faible ? Nous avons perdu trop de temps à nous accuser mutuellement. Il est temps de partager les responsabilités». «Le nord du Mali, c'est le sud de l'Algérie, c'est l'est de la Mauritanie, c'est le nord du Niger, il est très difficile d'y trouver une adresse postale, on ne peut pas dire avec exactitude où ils se trouvent, ils se promènent dans toute la bande sahélo-saharienne, aujourd'hui, ils sont là, demain, dans un autre pays», a affirmé le président malien.




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