Pourtant, la sentence de ce procès politique de cent heures en neuf sessions marathon était des plus lourdes. Huit d 'entre eux sont condamnés à la peine capitale, quatre à 30 ans, huit autres à 25 ans et deux à 20 ans. Pour les deux restants, le juge a préféré ouvrir la pleine de deux ans de détention qu 'ils avaient purgée en même temps que leurs camarades depuis le 8 novembre 2010. Les faits pour lesquels ils ont été traduits devant cette juridiction d 'exception remontent à l 'aube de cette date, lorsque les forces de police et de gendarmerie marocaines avaient pris d 'assaut avec une rare brutalité le camp de protestation pacifique de Gdeim Izik, situé à une vingtaine de km d 'Al Ayoune. Des affrontements s 'en étaient suivis. Bilan officiel : 11 policiers et gendarmes tués ainsi que deux civils (sahraouis). Quelques jours plus tard, les forces de sécurité marocaines vont arrêter plus de 200 personnes dans les milieux indépendantistes. Après des mois de mise ne secret et de tortures impitoyables, la plupart seront libérés sous les pressions internationales. Seuls les « meneurs » sont gardés à la prison de Salé pour être poursuivis pour « organisation de bande criminelle, meurtre et mutilation de cadavres » des 11 auxiliaires.
UNE CONDAMNATION SANS PREUVES !
Pour la défense, le tribunal militaire n 'avait aucune preuve de leur culpabilité. « Ni trace d 'ADN, ni empreintes, ni apparition d 'aucun d 'entre eux dans le film vidéo » sur les affrontements de Gdeim Izik où campaient sept mille familles, soit plus de 20.000 personnes. « J 'ai assisté à des procès très durs en 2005 au temps de l 'intifada, mais jamais comme celui-ci », estime Ines Miranda, activiste des droits de l 'Homme et juriste des îles Canaries. Le professeur de droit international du pays basque, Juan Francisco Soroeta, fait valoir que « la réforme constitutionnelle marocaine de 2011 n 'autorise pas ce genre de procès militaire appliqué à des civils ». Ce fut pourtant bien le cas mais cette mascarade ne surprend pas les indépendantistes sahraouis qui ont tenu à être présents au tribunal. « Je ne suis pas du tout surpris par le verdict de ce procès politique qui a fonctionné selon des critères militaires », estime Brahim Dehane dans une déclaration à Efe. En prévision de ce verdict dont tout le monde savait qu 'il allait avoir un caractère « exemplaire » à l 'intention des activistes sahraouis qui réclament l 'indépendance du Sahara Occidental, les autorités marocaines avaient organisé un rassemblement devant le tribunal arborant les portraits des victimes de ces « criminels et traîtres à leur pays ». C 'est ce « malentendu » qui a plané dans un « débat de sourds » au tribunal militaire de Rabat. Le magistrat s 'adressait aux accusés comme s 'íls étaient des sujets du royaume alaouite. Eux répondaient en sahraoui.
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Posté Le : 17/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nassim A
Source : www.horizons-dz.com