-1) - à propos de l’Inspection générale du ministère de la justice
J’ai lu avec consternation et j’ai été abasourdi par les déclarations des syndicats de magistrats et de certains autres anonymes (par peur de représailles) à propos des pressions qu’ils subissent de la part d’une seule personne, en l’occurrence l’inspecteur général du ministère de la Justice. En effet, ce personnage s’est érigé en véritable juridiction de recours, n’hésitant pas à soumettre à la «question» tout magistrat qui aurait rendu une décision qui ne serait pas de son goût. Selon ses déclarations, il obligerait les juges à taper eux-mêmes les décisions, les reléguant ainsi, au rôle de dactylographe au point où certains, avec le volume de travail, ont attrapé des maladies chroniques à cause du stress, diabète, AVC, etc.
Le climat de terreur instauré par ce personnage, au vu de cette déclaration, a non seulement violé le principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs mais fait de l’institution judiciaire un service annexe de la chancellerie. D’ailleurs, selon les mêmes magistrats, ces injonctions leur parviennent par téléphone.
Si des magistrats longtemps muselés par peur de mesures disciplinaires arbitraires en sont arrivés à la rébellion, c’est que Dame Justice a atteint un seuil de gravité intolérable. S’il est vrai que la justice en Algérie est agonisante à cause de l’incompétence, l’insuffisance professionnelle et la corruption, que beaucoup de décisions de justice sont douteuses et contestables, il n’en demeure pas moins que l’indépendance du juge (formelle) reste le minimum incompressible à revendiquer dans les faits.
-2) - à propos des avocats Tunisiens et égyptiens
Ces avocats étaient à la tête des manifestations en Tunisie et en Egypte. Ils ont été brutalisés et placés en garde à vue par des bestadjia de Ben Ali et de Moubarak. Nous étions une poignée d’avocats (trente) à avoir manifesté notre solidarité avec nos confrères par voix de presse (El Watan). La solidarité confraternelle n’a pas de frontières territoriales, culturelles ou cultuelles.
J’ai moi-même appelé le président de l’UNBA, lui demandant de réagir, au nom de la corporation, aux brutalités publiques subies par nos confrères de Tunisie et d’Egypte : sa réponse m’a refroidi. «Ils ne nous ont pas sollicités», m’a-t-il répliqué. Une attitude irresponsable alors que quelques jours avant, il n’a pas hésité à traiter d’émeutiers les manifestants en Algérie ; allant même jusqu’à enjoindre aux avocats de ne pas les défendre gratuitement. Inouï !!! Cette attitude nous fait comprendre que le président de l’Union des barreaux fait dans le funambulisme et l’équilibrisme pour ne pas déplaire en haut lieu : ne pas parler de corde dans la maison du pendu.
Ces deux événements, sur lesquels nous n’avons pas osé lever le petit doigt, démontrent le degré de régression dans lequel est plongé la profession.
Pour avoir prononcé un seul mot (sanction) à propos des magistrats, Nicolas Sarkosy s’est attiré la foudre de tous les magistrats et les avocats français unis pour une même cause. Malheureux ! Avant, la voix des avocats était entendue et redoutée même sous la chape de plomb instaurée par Ben Bella , Boumediene et Chadli qui ont tenté d’en faire une organisation de masse. Trente ans après, ce sont les avocats, eux-mêmes, qui tentent de faire soumettre la profession à la chancellerie. Pauvres de nous !!! Une seule réaction dans cet océan d’indifférence, de veulerie complice, celle de Me Lazhar , que je salue pour son courage. Merci Kho !!!S. M.
Saïd Mezil. Avocat au barreau de Tizi Ouzou
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Posté Le : 22/02/2011
Posté par : sofiane
Source : www.elwatan.com