Algérie

Lourd réquisitoire contre Sellal, Reguieg et Metidji



Les accusés sont notamment poursuivis pour "octroi d'indus avantages", "financement occulte de la campagne électorale", "abus de fonctions" et "dilapidation de deniers publics". Le verdict devrait être rendu la semaine prochaine.Au bout d'une journée et demie d'audition dans l'affaire Metidji ? du nom du groupe privé éponyme ? le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed (Alger) a requis, hier, de lourdes peines à l'encontre des principaux accusés. Ainsi, avec une peine de 10 ans de prison assortie d'une amende d'un million de dinars, l'ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal et l'ancien directeur du protocole de la présidence de la République, Mokhtar Reguieg, risquent les plus lourdes sentences. Les deux anciens responsables risquent également une période de 5 ans d'inéligibilité.
Le président-directeur général du groupe Metidji, Hocine Metidji, risque également une peine de 10 ans de prison assortie d'une amende de 8 millions de dinars et d'une période de 5 ans d'inéligibilité. Le procureur a requis également 10 ans de prison et 8 millions de dinars contre Hamza Metidji. En fuite, ce dernier fait l'objet d'un mandat d'arrêt international. Zoubir, l'autre membre de la famille Metidji, poursuivi dans le cadre de ce dossier, risque la même peine.
À l'encontre des anciens ministres de l'Agriculture Abdelouahab Nouri et Abdelkader Kadi, ainsi que de l'homme d'affaires Ali Haddad ? accusé d'avoir perçu de l'argent de Metidji pour financer la campagne pour le 5e mandat d'Abdelaziz Bouteflika ? le représentant du ministère public a requis 8 ans de prison assortie d'une amende d'un million de dinars. La même peine a été prononcée contre Mohamed Benabdi, l'ancien directeur général de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), alors que le parquet a requis des peines de 5 ans contre Abdelkader Bouazghi, ancien ministre de l'Agriculture, son homologue des Transports Boudjemaa Talai, Mustapha Rahiel et Abdelkader Zoukh.
Par ailleurs, le procureur de la République a demandé des amendes de 32 millions de dinars pour chacune des entreprises Metidji et la confiscation de tous les biens litigieux. Outre la prison, Mokhtar Reguieg risque de voir tous ses biens ? dont des comptes bancaires de près d'un million d'euros ? confisqués. Rien que durant le procès, le juge a énuméré un nombre important de biens immobiliers appartenant à l'ancien diplomate qui fut notamment ambassadeur à Vienne (Autriche) et à Rome (Italie). Mais le procureur de la République a trouvé beaucoup à dire sur ce "fonctionnaire qui a accumulé tant de richesses" sans les "déclarer" aux services de l'Etat. En plus des appartements, villas et immeubles découverts un peu partout, le représentant du parquet a révélé l'existence d'un compte en devises de près d'un million d'euros.
Dans son réquisitoire, le procureur de la République a relevé des "dépassements" et des "privilèges" que les responsables avaient accordés à l'homme d'affaires Metidji qui "obtenait du blé subventionné" avec "l'appui des responsables", tandis que d'autres minoteries "souffraient de l'absence de matière première". Il a accusé les responsables d'avoir "exercé des pressions" sur des fonctionnaires de l'Etat afin d'accorder des avantages à une entreprise privée jusqu'à pousser le Trésor public à verser, en 2019, l'équivalent de 7,4 milliards de dinars comme différence du prix sur le blé subventionné.
Les avocats des accusés ont tenté de démonter les accusations du procureur. Me Ouali, une des avocates de Hocine Metidji, a expliqué, avec une rare éloquence, que l'homme d'affaires devait "être félicité pour avoir créé des emplois" et de la richesse. Elle a réfuté les accusations de "trafic d'influence" et de "corruption". Elle a expliqué que "les deux minoteries ont le même statut" que lorsqu'elles appartenaient à l'Etat, ce qui justifie largement l'obtention de blé subventionné, au même titre que les établissements étatiques du même genre. Entendu la veille, l'homme d'affaires Hocine Metidji a récusé les accusations de la justice. Il a expliqué sa persistance à réclamer plus de blé subventionné par la "situation catastrophique" dans laquelle il a trouvé les minoteries de Chorfa et Dahra à leur acquisition, en 2005.
"Je ne suis pas fou pour acheter des minoteries qui étaient dans un état lamentable sans garder le quota de blé subventionné. Sans cela, j'étais incapable de payer les salaires", a-t-il indiqué, tout en rappelant avoir investi des dizaines de milliards de dinars dans la modernisation de ces deux entreprises publiques acquises à plus de 2 milliards de dinars. Pour sa part, Me Brahimi Miloud a tenté de disculper son mandant, Mokhtar Reguieg, de l'accusation de "trafic d'influence". Il a répondu que "intercéder au profit de quelqu'un n'est pas un crime". "Moi-même je pourrais aider quelqu'un à obtenir des avantages prévus par la loi", a-t-il encore indiqué. Il a également balayé les accusations d'enrichissement illicite : "On reproche à mon client de ne pas avoir déclaré ses biens. Je voudrais savoir auprès de qui il doit le faire '" L'avocat qui a rappelé que Reguieg a été "plusieurs fois haut fonctionnaire" et qu'il "disposait d'un salaire versé dans une banque publique algérienne", donc accessible aux enquêteurs, a encore défendu l'avocat. Le verdict sera rendu la semaine prochaine.

Ali Boukhlef


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