Algérie

LOURD AVERTISSEMENT



Au Liban, le jeu trouble continue avec l'attentatterroriste à la voiture piégée qui a causé la mort,  hier, du général François Al-Hajj, chef des opérations militaireset l'un des quatre plus importants officiers supérieurs de l'armée libanaise.Jeu trouble sur fond d'une crise politique qui perduremalgré l'entente des protagonistes sur le nom du général Michel Sleimane commesuccesseur à Emile Lahoud à la présidence de la République. Mais cette ententebute encore sur la procédure à mettre en oeuvre, l'opposition refusant qu'elleserve au gouvernement à s'assurer une légitimité qu'elle lui conteste. Cesinterminables tractations, ponctuées d'échanges acerbes, sont devenues unterrain fertile aux manoeuvres et aux activités de barbouzes.Une fois n'est pas coutume, la Syrie, accusée «automatique»de tous les actes terroristes qui ont ciblé des personnalités politiqueslibanaises, a pris les devants en accusant «Israël et ses complices au Liban»d'avoir assassiné un «leader libanais, un homme profondément fidèle à l'arméede son pays et opposé au schisme du Liban».L'homme, en tout cas, n'a jamais affiché de positionpartisane, il a été proche du général Michel Aoun et a assumé son travail demilitaire dans la crise du camp de Nahr Al-Bared.S'il est difficile de désigner les responsables de l'acteterroriste, le Liban étant un champ ouvert à tous les services du monde, il estpar contre clair de dire que c'est l'armée libanaise en tant que telle qui estvisée. Qu'elle soit aujourd'hui le recours possible à la solution de la crisede la vacance de la présidence à travers le général Michel Sleimane, n'est pasune surprise. Elle a été, au milieu des tumultes et des déchirements libanais,la seule structure où la fameuse «vie en commun» des Libanais a encore un sens.Dans un pays où les institutions sont paralysées, où les polarisationspolitiques sont extrêmes et attisées de l'extérieur, l'armée libanaise estaujourd'hui le seul facteur d'équilibre. Elle devient de ce fait une cibleprivilégiée de tous ceux qui ont intérêt à la poursuite de la déstabilisationdu Liban.Sans doute, reproche-t-on à Michel Sleimane son soucipermanent d'éviter d'être comptabilisé sur l'une des parties ou l'autre. Onconnaît les réserves qui existaient chez le camp du 14 Mars à son égard et lefait qu'il se soit résolu à cette option avec une certaine fraîcheur. Cela n'enfait pas le commanditaire de l'assassinat du général François Al-Hajj, pas plusqu'il n'était acceptable que la Syrie soit constamment mise en cause à chaqueattentat au Liban. Mais les politiques sont responsables du climat délétèredans lequel est plongé le Liban. Leur incapacité à transcender leursallégeances externes crée les conditions propices à des manoeuvres dont lesauteurs possibles couvrent un spectre large. Ils risquent de faire le malheurd'un pays qui, à chaque fois qu'il s'éloigne d'un pas de la crise civile, y estramené de deux pas de plus.L'acte terroriste d'hier n'est pas seulement un message àl'armée, il est surtout un lourd et sanglant avertissement au Liban.


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