Il se croyait damné ne pouvant encore riposter, pris comme le chantre de sa communauté. Le mal de la séparation l'avait attisé, séquestré, puis consumé. Durant 4années, il s'était confronté à la terrible épreuve de la feuille fanée.
« Il est notre Victor Hugo », disent-ils. Symbole de la revendication identitaire berbère, Lounis Ait Menguellet renait de ses cendres, jette l'ancre et part à l'abordage d'un flot de maux apprivoisés par des mots dont on méditerait toute la signifiance.
De son vrai nom Abdenbi Ait Menguellet, Lounis naquit au coeur de la Kabylie, où il remarquera assez vite le vice dominant, heurtant sa société. Il apercevra le chaos s'immiscer et l'inégalité s'amplifier. Il sera longuement critiqué de par ses morceaux tantôt belliqueux. Lounis n'abjurera pas, Lounis n'abdiquera pas, il dépeindra sa sphère de sa manière, en vers.
Le poète berbère fait l'objet de plusieurs ouvrages dont celui de Tassadit Yacine, de son livre « Ait Menguellet chante », préfacé par le grand écrivain algérien Kateb Yacine.
Ténor de plus de 200 chansons, Lounis Ait Menguellet réapparait en 2014 avec un nouvel album,le 10e, « Isefra » qui signifie les poèmes. Il ôte son masque philippique et enfile celui de l'épique.
L'album comporte 8 titres qui peignent le portrait d'un philosophe, sage et philanthrope.
« Isefra » est la première chanson de cet opus. De profonds mots qui dénoncent les tabous sociétaux dont l'abrutissement de l'école algérienne et de cet ouvrage dont ils se servent comme modèle de référence, qui renfermerait une idéologie commune mais perfide.
Lounis tend à accentuer ses convictions, à fortifier sa sérénité et spiritualité sans « Ddin amcum ».
A travers « Tamattut », le barde idéalise la femme qui est cet être à part entière. La femme qui est la soeur, la mère, l'épouse et la confidente.
Dans « Ageffur » ou la pluie, Lounis s'interrogerait si quelqu'un avait parcouru l'au-delà en faisant part de ce vécu.
Le chanteur décrit dans « Awaz » des fléaux de la société comme le mal-être, l'amertume, la lassitude ainsi que les blessures et ruptures.
Vestiges du temps ou « Ruh a zzman » narre cette époque où l'amour était pur, l'époque où il était le roi. De ferventes retrouvailles qui abritaient un sentiment d'amour indestructible.
Il y'a un tout qui se chevauche et s'entremêle, de fabuleux mots tournant autour des difficultés de la vie comme le bien-être, la santé ou la fraternité.
Il se dit campagnard fier et montagnard au fort caractère. Lounis Ait Menguellet demeure un poète hors temps.
 
Posté Le : 26/06/2014
Posté par : litteraturealgerie
Ecrit par : M.Mered