Algérie

Louiza Hanoune déçue par l’assemblée où elle siège


«Je ne tire aucune fierté d’être à l’APN» La porte-parole du Parti des travailleurs a tenté, hier, de justifier la position de «neutralité» adoptée par son parti lors du vote, jeudi passé, de la loi de Finances 2009. Selon elle, «cette loi, qui travaille plus au profit des riches que des pauvres, comporte également des points positifs, notamment la création de 65.000 emplois et la mobilisation d’un nouveau plan de relance économique». Louiza Hanoune a noté, dans cet ordre d’idées, que «22 milliards de dollars ont été transférés à l’étranger par les entreprises qui investissent dans notre pays». Cette révélation a été faite lors d’une conférence de presse organisée quatre jours après l’adoption de la loi de Finances 2009. La députée de l’APN n’a pas été, comme de coutume, tendre avec le ministre des Finances, Abdelkrim Djoudi, et même avec les autres députés. Selon elle, «s’il restait encore une once de crédibilité à cette assemblée, elle a été effacée jeudi passé.» Abordant la crise financière mondiale, Louiza Hanoune dira ne pas comprendre «comment se fait-il que des responsables algériens osent encore dire que notre pays n’est pas concerné par celle-ci alors que le monde entier se trouve touché de près ou de loin». Pour elle, «on continue d’adopter la politique de l’autruche» et de «mentir aux Algériens». Sur les ondes de la radio, hier matin, elle n’a pas manqué de tirer encore sur M. Djoudi en soutenant qu’il est passé à côté de toutes les questions pertinentes qui lui ont été posées. «C’est à croire qu’il ne vit pas ici en Algérie», a-t-elle lancé en parlant de la taxe sur les véhicules. Selon elle, on ne peut pas appliquer une taxe à tous les Algériens car ce ne sont pas toutes les villes du pays qui bénéficient de projet de tramway ou de métro, avant de s’interroger sur la manne financière dont dispose l’Algérie et sa destination. «Il a répondu en tant que technocrate», a-t-elle dit. «Au moment où le baril de pétrole passe en dessous des 60 dollars, le ministre nous dit que tout va bien», relève la conférencière, avec un air d’étonnement. Elle parle du risque de voir Mettal Steel, le géant qui exploite El-Hadjar, fermer ses usines ou mettre des travailleurs au chômage. «L’Algérie ne vit pas en autarcie. On se demande de qui il parle», dit-elle, allusion faite au ministre des Finances. Selon Louiza Hanoune, il faut adopter des lois plus rigoureuses concernant le transfert de l’argent vers l’étranger. «Depuis 6 ans, les entreprises étrangères ont transféré 22 milliards de dollars», fait-elle remarquer dans ce registre avant de revenir sur les 61 amendements proposés par son parti concernant la loi de Finances. Ils portent sur l’amélioration des conditions socioprofessionnelles des travailleurs, des couches défavorisées, du secteur de l’agriculture, de la santé, de l’éducation. «On s’interroge sur ce que comporte de mieux cette loi de Finances au profit des secteurs productifs. Le secteur de l’agriculture par exemple n’a pas reçu la moitié du budget qui lui a été alloué l’année passée, puisqu’il passe de 53 à 19 milliards de dinars», note encore Mme Hanoune. Les EPE n’ont pas également eu l’aide nécessaire pour les soutenir au moment où «l’on augmente le budget de la commission chargée de réviser la privatisation!» Mme Hanoune parle même de bicéphalisme dans la prise de décision en haut lieu. Pour preuve, la loi de Finances n’a pas pris en considération les orientations du président concernant les privatisations, le soutien aux secteurs productifs, l’investissement étranger. Pour elle, le fait que les députés aient rejeté ses amendements à la loi de Finances est une faute énorme de leur part. «Par sectarisme et dogmatisme, les députés ont rejeté nos amendements», a-t-elle dit avant de lancer que «s’il restait une once de crédibilité à l’APN, elle l’a perdue jeudi passé». Selon elle, «ce n’est pas une assemblée qui parle au nom du peuple ou de ses intérêts», ce qui lui fait dire que «l’existence de l’APN devient ainsi injustifiable au vu de ce qu’elle a fait jeudi passé». «Je ne tire aucune fierté d’être à l’APN» a-t-elle dit en évoquant la présence du PT à cette assemblée depuis 1997, avant de plaider pour «une assemblée constituante», idée chère à Aït Ahmed et au FFS. Tahar A.O.
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