Algérie

Louisa Hanoune incarcérée : la criminalisation de l'exercice politique



Même dans l'entourage du parti, l'on ignore, pour l'heure, les raisons ayant mené le juge d'instruction à décider de son incarcération. D'autant qu'elle a été convoquée en tant que témoin.Son incarcération a fait l'effet d'une véritable bombe : Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), qui a été écrouée, contre toute attente, jeudi à la mi-journée, croupit, depuis, à la prison civile de Blida. Son tort ' Peu ou prou doivent le savoir, faute de communication du parquet du tribunal militaire de Blida. Même dans l'entourage du parti, l'on ignore, pour l'heure, les raisons ayant mené le juge d'instruction à décider de son incarcération.
D'autant qu'elle a été convoquée en tant que témoin, ce qui explique l'absence d'avocats pour l'accompagner. Selon certaines chaînes de télévision ? qui ont divulgué l'information jeudi à la mi-journée ? transformées depuis quelques semaines en relais de l'institution militaire, Louisa Hanoune est poursuivie dans le cadre de l'enquête sur "l'atteinte à l'autorité de l'armée et complot contre l'autorité de l'Etat" visant le frère du président déchu, Saïd Bouteflika, et les deux ex-patrons des services de renseignements, Mohamed Mediène, dit Toufik, et Athmane Tartag. Un argument qui ne semble, cependant, pas convaincre la direction du parti qui s'est réunie en urgence jeudi en fin de journée. "C'est une dérive gravissime, un acte de criminalisation de l'action politique indépendante et l'expression d'une volonté de mise au pas des militants et activistes par le pouvoir de fait. Il s'agit là d'une mesure contre le peuple algérien et sa mobilisation révolutionnaire entamée depuis le 22 février 2019", a réagi le secrétariat du PT dans un communiqué. Pour le parti, la raison, entre autres, se trouve ailleurs : "Louisa Hanoune s'est exprimée contre toutes les man?uvres visant à contourner la révolution populaire exigeant le départ du système dont la prétendue transition qu'ils veulent faire déboucher sur la présidentielle du 4 juillet 2019." En attendant le procès et la constitution du collectif d'avocats, de nature à nous renseigner sur les accusations qui pèsent sur Louisa Hanoune, force est d'admettre que son incarcération, qui suscite l'indignation et l'inquiétude au sein de la classe politique, charrie, au regard du contexte, quelques zones d'ombre. Il faut relever, en effet, que sa convocation intervient quelques jours seulement après deux sorties successives. Dans la première, elle a apporté son soutien au patron de Cevital en dénonçant une "justice sélective". Et dans la seconde, elle a stigmatisé l'attitude de Gaïd Salah qu'elle n'a pas hésité à comparer au président égyptien Abdelfattah al-Sissi. "Ceux qui suggèrent ou trouvent positifs les appels au dialogue avec l'ANP savent-ils que cela prépare une situation à la soudanaise ou tout au moins à l'égyptienne avec leurs conséquences terribles sur la souveraineté nationale ' Les grandes puissances ne peuvent accepter un régime militaire qu'au prix de concessions mortelles liées à notre souveraineté nationale", a-t-elle déclaré le 4 mai dernier.
Quant aux prétendus liens qu'elle entretiendrait avec des figures du régime, loin d'être un délit, comme pourraient le suggérer les télévisions, il faut dire qu'elle n'en a jamais fait mystère. Si donc elle demeure justiciable, celle que d'aucuns assimilent à une "dame de fer" ne devrait pas être dans "l'enfer" des geôles qu'elle a déjà connu au début des années 80, alors qu'elle menait le combat en faveur de? la démocratie.
Karim Kebir


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