Louisa Hanoune

Première femme à avoir brigué la magistrature suprême dans un pays arabe, seule femme à présider un parti politique en Algérie, Louisa Hanoune est aujourd'hui une figure incontournable d'un paysage politique essentiellement dominé par les hommes. Beaucoup de femmes s'étant essayées à l'opposition ont jeté l'éponge ou changé de camp.Au fil des années et des événements qu'a connus l'Algérie, la configuration politique a plus ou moins changé.Des figures féminines se réclamant de l'opposition, avec des positions tranchées, avaient marqué l'opinion avant de tout simplement abandonner le terrain de la lutte ou d'allégrement traverser la frontière qui les séparait du pouvoir.La secrétaire générale du Parti des travailleurs est restée égale à elle-même. Elle se réclame de l'opposition et balaie du revers de la main tous les reproches qui lui sont faits au sujet de sa proximité avec Bouteflika. Hanoune n'en démord pas : faire partie de l'opposition n'empêche pas de soutenir les politiques qui ne sont pas en contradiction avec la ligne du parti. A ses détracteurs qui lui reprochent ses accointances avec le président de la République, Hanoune aime à rappeler comment son parti s'était opposé à plusieurs projets dont celui relatif aux hydrocarbures. Il y a tout juste quelques semaines, elle affirmait que Bouteflika n'avait pas tenu ses engagements en matière de réformes politiques. Des propos qui avaient provoqué un déferlement de haine de la part du patron du FLN. C'était compter sans la capacité de répartie de la numéro un du Parti des travailleurs dont la réplique aura été cinglante. Ses dons d'oratrice ne sont plus à démontrer.Hanoune a pu compter dessus à chaque rendez-vous électoral. Trois fois candidate malheureuse aux présidentielles, elle n'en reste pas moins la première femme à avoir tenté de briguer ce poste dans le monde arabe.De ces défaites électorales, elle ne garde aucune amertume. Pour Hanoune, la politique est un long combat et chaque élection, dit-elle, renforce un peu plus la position de son parti. A ceux qui l'accusent de servir de lièvre, elle répond avec beaucoup d'ironie. C'est que rien ne semble ébranler les convictions de Louisa Hanoune qui a très tôt goûté au militantisme. Etudiante à la Faculté des sciences juridiques d'Annaba, où elle décroche une licence en droit, c'est dans ce campus qu'elle voit naître sa vocation de militante. C'est tout naturellement qu'en 1981, elle crée l'Organisation socialiste des travailleurs (OST). Pour avoir distribué des tracts appelant à l'instauration de la démocratie, Louisa Hanoune est arrêtée le 18 décembre 1983. Elle sera incarcérée à El-Harrach, puis à Médéa pendant six mois.Nullement intimidée, elle poursuit son combat et crée une association pour la défense et la promotion des droits de la femme qui s'opposera farouchement au code de la famille le 16 octobre 1988, elle est à nouveau arrêtée au moment où l'Algérie vit au rythme d'un soulèvement populaire. En 1989, à la faveur du multipartisme, elle crée le Parti des travailleurs dont elle est depuis la secrétaire générale. Un parti qu'elle dirige d'une main de fer.