Algérie

Louisa 65e partie


Louisa 65e partie
RESUME : Après la mort de ses parents et de ses beaux-parents, Louisa tenta de retrouver Aïssa. Ce dernier s'était installé loin de Paris. Ce père indigne ignorait jusqu'a l'existence de son troisième fils. Toutes les démarches entreprises pour le retrouver furent vaines. On décidera alors de l'oublier définitivement. La guerre de Libération éclate... Louisa y participe. Elle est si perspicace qu'on ne s'en douta même pas.
Un jour, pourtant, quelqu'un vendra la mèche. On l'accusa alors de travailler avec les fellagas.
Fort heureusement personne ne mentionna l'existence du sous-sol. Peut-être que même au village on ignorait son existence ' Je n'en savais rien. Par contre on m'arrêta et on m'emmena dans une fourgonnette militaire pour me déposer quelques kilomètres plus loin dans une maison transformée pour la circonstance en quartier général.
J'étais encore jeune et j'avais peur non pas des conséquences de ma jeunesse mais d'être torturée ou droguée et de vendre mes frères.
Mais Dieu le Tout-Puissant ne le permit pas.
Je fus questionnée, tout d'abord par un capitaine, qui, agacé par mes réponses évasives, céda la place à un jeune commandant... Je me rappelle bien de ces militaires, car les soldats ne cessaient de les interpeller par leur grade.
Le commandant donc me regarde un bon moment, avant de venir s'asseoir en face de moi. Il me demande des renseignements sur ma famille, sur le village et les gens qui y habitent.
Comme je répondais dans la langue de Molière, il fut tout de suite intéressé :
- Tu parles bien le français pour une paysanne...
- Oui, j'ai vécu en France durant de longues années.
- Eh bien, c'est un honneur pour nous madame.
Il se met à rire :
- Tu vivais chez nous, et tu te retournes contre nous !
- Je ne me retourne contre personne jeune soldat.
- Je suis commandant... Heu je veux dire que je suis un peu mieux qu'un simple soldat.
- Oui j'ai compris... Tu es leur chef. Ce qui ne change rien d'ailleurs, puisque tu es un militaire tout comme eux.
Il se met à rire :
- Toi alors... !
Puis reprenant son sérieux, il se met à me questionner sur mes activités et sur ma relation avec les révolutionnaires et les combattants.
Je pris un air candide :
-Oh ! Mais tu es en train de m'accuser sur un simple soupçon. Je ne vois vraiment pas de quoi tu parles.
Il me regarde d'un air qui en disait long sur ses pensées puis reprend :
- Tu vois, Louisa, je suis ici en mission commandée. Ce qui veut dire que je peux faire tout ce que je veux dans ce village. Piller, tuer, violer, torturer... Même sur simple soupçon. Mais je ne le ferai pas... Tu sais pourquoi '
- Non, je ne le sais pas.
- Eh bien parce que ton village me rappelle la Normandie. Je suis d'origine normande Louisa... Mes grands-parents avaient des terres qu'ils cultivaient tout comme vous. J'aimais me rendre en Normandie pour les vacances... Je quittais alors Paris et sa pollution pour changer d'air et manger des produits de nos fermes. J'aimais courir dans les pâturages et me rouler dans l'herbe verte ou taquiner les vaches et dormir sur une botte de foin.
Il se relève et je remarquais son front plissé. Ce militaire ne devait pas dépasser les quarante ans, mais ses tempes grisonnantes renseignaient sur ses multiples préoccupations. Cet homme n'avait ni le temps de se reposer ni le temps de dormir en toute tranquillité, encore moins le temps de penser à vivre. Seuls ses souvenirs, qu'il avait débités dans un moment de nostalgie, lui permettaient de tenir.
Il reprit tout en tirant de sa poche une cigarette, qu'il met entre les lèvres mais qu'il n'alluma pas :
- Alors Louisa, tu seras gentille de m'aider dans ma mission aujourd'hui.
- Qui consiste... '
Il ébauche un sourire et s'agenouilla devant moi :
- Tu as très bien compris... Je ne veux ni te torturer ni utiliser la force avec toi. Tu es encore jeune et belle... Je n'aimerais pas qu'on t'abîme le portrait.
Je pousse alors un long soupir :
- Mon cher ami... Je suis trop jeune pour m'engager dans un combat dont Dieu seul connaît l'issue. Je ne connais rien à ce que tu racontes. Je ne connais ni fellagas, ni combattants, ni révolutionnaires... Par contre, je peux te certifier que notre village a déjà trop souffert de la Seconde Guerre mondiale pour penser à s'engager dans une autre guerre...
Il lève sa main pour m'interrompre :
- Louisa tu me fais marcher... (il sourit) j'avoue que je m'y attendais. D'ailleurs j'admire ton courage et ton sang-froid.
(À suivre)
Y. H.
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