Des distributeurs de médicaments sont en partie responsables de cette tension sur les produits pharmaceutiques utilisés dans le protocole de traitement contre le Covid-19, selon le Dr Lotfi Benbahmed, ministre de l'Industrie pharmaceutique, qui a précisé qu'au moins une vingtaine de mises en demeure et de fermetures ont été notifiées à des distributeurs depuis 2 jours.«Il y avait de la rétention et de la spéculation pour booster les ventes», a indiqué, hier lundi, le ministre de l'Industrie pharmaceutiques invité de la Chaîne 3 de la Radio nationale qui a affirmé que «tous les produits pharmaceutiques sont disponibles et en quantités suffisantes». Et de préciser : «Il y a tension et non indisponibilité.» Dans sa plaidoirie, Lotfi Benbahmed insistera pour dire que «l'ensemble des produits utilisés dans le protocole de traitement contre le Covid-19 est fabriqué localement». Ceci vient en application de la nouvelle politique de l'Algérie, consistant à assurer la sécurité sanitaire. Un choix de souveraineté nationale. L'invité de la radio a précisé également que son département a mis à contribution les producteurs pharmaceutiques pour augmenter les capacités de production ainsi que les distributeurs afin de débloquer toutes les quantités reçues sous 48 heures. Face à cette situation de tension observée ces derniers jours, les contrôles ont été renforcés au niveau des distributeurs, afin de lutter contre la spéculation et le monopole. «Des avertissements et fermetures ont été notifiés à certains distributeurs», a-t-il renseigné. Et de poursuivre : «Nous luttons contre le lobby de l'importation qui se trouve aussi au niveau de la distribution, et nous continuerons à travailler selon nos prérogatives.» Le ministre qui, dans ses propos, a explicitement visé «le lobby de l'importation du médicament», a réaffirmé l'engagement de son département de faire baisser la facture des importations, et de s'assurer de la disponibilité continue des médicaments utilisés dans le protocole thérapeutique anti-Covid-19. Le ministère a arrêté un vaste programme d'inspection qui a été renforcé depuis d'hier. Des brigades mixtes sont chargées de lutter contre toutes pratiques commerciales susceptibles d'entraîner des tensions et des ruptures d'approvisionnement de certains médicaments, telles les pratiques de rétentions, de ventes concomitantes, de ventes dites par packs, et qui exposeraient les contrevenants à des sanctions administratives, financières et pénales, conformément à la législation en vigueur.
Un nouveau cahier des charges pour les distributeurs
Poursuivant ses explications, le ministre de l'Industrie pharmaceutique a annoncé «qu'un nouveau cahier des charges concernant les distributeurs de médicaments sera prêt dans les quelques jours à venir». Et l'ensemble des distributeurs seront «ré-agréés» avant la fin de ce mois de février en vue de séparer «le bon grain de l'ivraie», selon ses termes. «Nous mettrons de l'ordre dans ce secteur également», a-t-il ajouté, en soulignant le travail qui se fait en collaboration avec différents acteurs dont les syndicats, des distributeurs et des associations de malades aussi. Le ministre estimera, par ailleurs, qu'étant en période de pandémie, «il est tout à fait normal qu'il y ait pression sur certains produits». Il annoncera par la même occasion qu'une enquête a été diligentée par les services de son département et des brigades mixtes à ce sujet. Pour lutter contre la spéculation et la vente concomitante, «nous invitons les pharmaciens et même les citoyens à déposer leurs réclamations via la plateforme électronique : requetemedic @miph.gov.dz», a déclaré Lotfi Benbahmed.
La résistance de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH)
Lotfi Benbahmed ne manquera pas de rappeler la mise en place d'un outil de gestion et d'anticipation pour assurer la disponibilité des médicaments et ce, depuis la création de son ministère. Il s'agit de la «plateforme numérique recueillant l'ensemble des programmes de production et d'importation, ainsi que les stocks des établissements pharmaceutiques». Selon lui, cette plateforme permet une «meilleure anticipation d'éventuelles problématiques d'approvisionnement de matières premières et de produits finis, notamment celles liées aux perturbations du marché international induites par la pandémie de Covid-19». Citant des exemples concrets de produits qui ont connu de fortes tensions comme le lovenox, le ministre dira : «Heureusement qu'il y a une production nationale pour ce produit dont la moitié de cette production est destinée pour la reconstitution des stocks, notamment pour la PCH.» Il s'interrogera, cependant : «La PCH et pour des raisons inconnues, ne livre pas en quantités suffisantes les hôpitaux et les malades qui vont en consultation au niveau de l'hôpital se trouveront contraints à s'approvisionner auprès de la pharmacie d'officine.» Selon lui, la PCH a acheté près de 4 5 millions d'unités (lovenox) pour ce mois et en a commandé encore 2 millions. «Ce n'est pas en période de pandémie qu'on constitue les stocks», dira-t-il. Et de poursuivre : «Nous constatons que des quantités distillées pour les hôpitaux restent très inférieures par rapport aux stocks.» Il ajoutera que «nous espérons que la PCH mettra le maximum de produits au niveau des structures sanitaires pour que les malades qui sont en consultation ou hospitalisés ne soient pas obligés d'aller dans des pharmacies d'officine».
Lotfi Benbahmed s'est attelé à développer la production locale pour réduire la lourde facture des importations de médicaments de 800 millions d'euros. Il répondra à ses détracteurs en disant : «La réduction de cette facture ne se fait pas au détriment du patient. Il n'y a que les produits fabriqués localement qui sont interdits d'importation. D'ailleurs, on continue d'importer des médicaments essentiels.»
Pour conclure, le ministre invitera les Algériens à éviter les automédications et à opter avant d'acheter les produits pour les auto-tests, désormais disponibles au niveau des pharmacies. Et de terminer sur une note positive : «Nous nous tournerons bientôt vers la production d'insuline et de traitements contre le cancer, et 2022 sera l'année de production de traitements contre le cancer par excellence.»
Ilhem Tir
L'Unop assure la continuité des activités de production
Face à l'évolution de la situation sanitaire nationale et l'augmentation du nombre de contaminations par la Covid-19, l'Union des opérateurs en pharmacie (Unop) annonce son adhésion aux mesures de réquisition prises par le ministère de l'Industrie pharmaceutique dans l'objectif de garantir l'approvisionnement en médicaments inscrits dans les protocoles thérapeutiques de traitement de la Covid-19. Les opérateurs affiliés à l'Unop annoncent que «leurs personnels sont réquisitionnés durant au moins six jours par semaine, à prendre les mesures idoines leur permettant de relever rapidement le niveau de leurs capacités de production et d'accroître substantiellement les quantités de produits à injecter au niveau du marché national». Dans un communiqué rendu public «l'ensemble des entreprises pharmaceutiques concernées, adhérentes à I'Unop, ont, en dépit du nombre non négligeable de leurs personnels eux-mêmes contaminés, déployé d'énormes efforts pour assurer la continuité des activités de production» et «restent mobilisées afin de surmonter sans encombre cette difficile situation que traverse notre pays».
I. T.
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Posté Le : 01/02/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ilhem Tir
Source : www.lesoirdalgerie.com