A la veille de la grande compétition africaine qu'est la CAN-2013, l'ancien sélectionneur de l'Equipe Nationale Rabah Saâdane évoque pour Jeune Afrique, les différentes éditions de la CAN et situe la différence frappante entre les années 1982 et cette prochaine phase finale.
«J'ai vécu quatre phases finales de Coupe d'Afrique des nations à deux périodes bien différentes, dira t-il, deux dans les années 1980 (en 1982 et 1986), deux dans les années 2000 (en 2004 et 2010), et j'ai pu me rendre compte à quel point les choses avaient évolué, sur tous les plans». Ses premiers souvenirs remontent à 1982, où celle-ci avait été organisée en Libye. En cette période, il n'y avait pas beaucoup de monde, seulement huit sélections en phase finale, quatre basées à Tripoli et quatre ' dont l'Algérie ' à Benghazi. En1986, en Egypte, nous étions logés à Alexandrie. Trente ans se sont déjà écoulées et il se rappelle des exigences de la CAF qui n'étaient pas aussi sévères : «Le meilleur exemple est celui du logement en 1982 et 1986. Il y avait quatre sélections dans un même groupe (Algérie, Zambie, Ethiopie, Nigeria en 1982) et (Algérie, Maroc, Cameroun et Zambie en 1986). Ces équipes étaient logées dans le même hôtel. Chacun avait son étage. Evidemment, c'était un peu étouffant et particulier de croiser nos adversaires tous les jours.» A ce climat, source d'énervements et de pressions, s'ajoutaient celui des conditions de créneaux horaires : «Etant donné qu'il n'y avait qu'une seule salle de restauration, il était bien entendu hors de question pour les sélections de venir avec leur propre cuisinier.» Le volet le plus fragile qui injectait des suspicions au sein du groupe, c'est «celui d'un cuisinier mettant des produits dans les plats préparés par celui d'une autre sélection pour provoquer des diarrhées chez ses adversaires... Alors, on demandait au cuisinier de l'hôtel de nous préparer les menus que nous lui imposions.» L'Algérie, reconnaît-il, était presque la bête noire, la formation à liquider au plus vite, elle était la meilleure de toutes les sélections africaines, et pour preuve, des tensions apparaissaient au c'ur même des groupes pour l'occupation du terrain d'entraînement et quel terrain dira-t-il, la qualité était d'une médiocrité que les préparations se faisaient dans un état indescriptible, difficile à imaginer. Les joueurs des différentes nations avaient du mal à faire circuler la balle ou alors à entamer dans un cadre réglementaire leurs séances d'entraînement, mais mis à part ce côté regrettable, il y avait tout de même son côté positif. Il reconnaissait avoir bénéficié de cet état de fait pour se rapprocher du Français Claude Le Roy, alors tout jeune sélectionneur du Cameroun. «Nous avons passé pas mal de temps ensemble. Au niveau du jeu également, les choses ont beaucoup changé. Il y a trente ans, il y avait plus de buts, parce que les équipes n'étaient pas aussi fortes tactiquement et physiquement qu'elles le sont maintenant.» Les choses étaient, selon Saâdane, plus légères, plus digestes, faciles à gérer, maîtrisables même, la majorité des joueurs étaient des locaux donc, disponibles pour d'éventuels regroupements, la différence est de taille, aujourd'hui les choses ont complément changé. Il met en valeur le niveau de la marque algérienne, elle était la meilleure d'Afrique. Même les conditions de travail étaient meilleures. «Il était facile d'organiser régulièrement des stages. Les choses ont changé puisque désormais, beaucoup de joueurs africains jouent aujourd'hui en Europe ou y sont nés. Le football a suivi une évolution logique. Il y a désormais seize équipes en phase finale, et à moyen terme. Alors où est cette différence entre hier et aujourd'hui ' Pour le sélectionneur, d'abord, «à vingt ou même vingt-quatre semble inévitable, la CAN est devenue un événement très médiatisé et le cahier des charges de la CAF a évolué de manière spectaculaire. Désormais, chaque sélection a son hôtel et peut venir avec son cuisinier. Cette compétition a aussi permis à de nombreux pays de se moderniser». Tout se mobilise et à une vitesse grand «V». Les cahiers de charges sont extrêmement sévères et personne ne souhaiterait passer à côté d'un tel événement qui rapporte gros au pays organisateur d'où l'intérêt de veiller à l'exécution des conditions imposées par la CAF. Les répercussions sont visibles sur le terrain, grâce au football «les pays qui ont organisé la Coupe d'Afrique ont amélioré les conditions de transport, les télécommunications... J'entends souvent dire que les investissements réalisés pour l'organisation de la CAN sont trop importants, alors que beaucoup d'Africains vivent dans des conditions difficiles, et que cet argent pourrait être utilisé autrement. Mais l'Afrique est un continent à part. Le football y a une importance énorme et il apporte beaucoup de joie aux gens. Pour les plus démunis, c'est souvent le seul rayon de soleil», conclut cheikh Saâdane.
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Posté Le : 13/01/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : H Hichem
Source : www.lnr-dz.com