Ils sont là, dès les premières heures de la journée, certains même depuis la prière du Fadjr (Aurore), rassemblés devant l'entrée de certains bureaux "d'Algérie Poste" à l'exemple de celui qui est situé au quartier de "Boulanger", plus connu sous l'appellation de "Poste de Magnan", Ils attendent patiemment que la porte s'ouvre afin qu'ils puissent être les premiers à pouvoir encaisser leur pension mensuelle, qui se limite souvent, à quelques billets de mille dinars.
Ces personnes du 3ème âge sont, bien sûr, les retraités dont la rétribution est versée tous les 22 du mois. Tourmentés par les longues chaînes d'attente qui ont lieu au niveau des bureaux de poste lors de cette exceptionnelle journée, de plus en plus de vieux choisissent cette méthode pour éviter de "poiroter" trop longtemps durant la journée où généralement, il y a ...foule. Ce n'est pas le cas des femmes qui s'y rendent tôt mais pas au point d'y passer la nuit dehors sous les étoiles. Pour ces "vieillards", "Algérie Poste" revient souvent dans leurs discussions car elle constitue, à leurs yeux, une sorte de repère avec lequel ils maintiennent le contact vis-à-vis de la société. Points de rencontre mensuelle, les halls de ces agences postales semblent s'identifier à ces seniors qui constituent, d'ailleurs, une grande partie de la clientèle de ce service public.
Les longs moments passés "coincés" dans une chaîne humaine, le temps d'atteindre son tour devant le guichet, leur permet d'engager des conversations entre eux, histoire d'établir un lien avec la vie active et démontrer que l'on existe aussi dans ce monde devenu si différent de celui de leur lointain passé.
Nous avons abordé deux octogénaires qui sortaient justement du bureau de poste de "Magnan", assez tôt le matin du 22 du mois dernier. Ils nous diront : "II est exact que nous sommes là depuis 6 h. du matin pour être aux premières loges lorsque les portes du bureau de poste s'ouvriront. Cela ne nous dérange nullement, car nous nous sommes habitués. Comme nous sommes vieux, nous dormons beaucoup moins qu'avant et nous en profitons pour aller faire la prière du Fadjr et Sobh, puis nous nous rendons ici où nous trouvons, d'ailleurs, d'autres retraités comme nous qui attendent aussi". D'autres nous avoueront n'avoir pas le choix depuis qu’ils n'encaissent plus par le biais du facteur qui leur apportait, il y a quelques années, leur dû jusqu'à la maison. Cependant, lorsque les "grilles" s'ouvrent, c'est tout autre chose qui les attend, notamment pour ceux et celles qui n'ont pas eu cette opportunité de passer la nuit dehors.
Posté Le : 31/10/2010
Posté par : infoalgerie
Ecrit par : A. A. Raïs
Source : Algérie Presse