Algérie

Lorsque les exportateurs parlent de foncier agricole



Avec à peine 1,2 milliard de dollars américains d'exportation hors hydrocarbure, l'Algérie reste bien en deçà de ses capacités réelles et ce en raison de difficultés rencontrées tant à l'intérieur que dans les espaces commerciaux extérieurs. Le ministre du Commerce El-Hachemi Djaaboub est revenu, hier, à l'occasion d'une rencontre avec les exportateurs qui s'est tenue au siège de l'Agence algérienne de promotion du commerce extérieur (ALGEX) à Alger sur la problématique des exportations hors hydrocarbure. Le ministre a indiqué devant les exportateurs publics et privés que si l'exportation connaît une stagnation, «la faute il faut l'imputer à nous-mêmes et non à nos produits qui ont plutôt bonne réputation». Et de poursuivre: «Nous avons des produits concurrentiels qui peuvent rivaliser avec les produits des autres pays mais nous arrivons à exporter seulement 1,2 milliard de dollars». Inacceptable, a indiqué le ministre sur fond de critiques des tenants d'un statu quo pour ce qui est de l'ouverture vers les marchés internationaux notamment l'Union européenne, OMC et Association zone arabe libre (AZAL) ou encore les accords bilatéraux qui engagent l'Algérie avec d'autres pays. Le ministre a martelé à l'encontre de ceux qu'il nomme «opposants idéologiques» qui ne voient dans ces accords que «des aspects négatifs», que le pays ne s'est pas effondré après que l'Algérie a signé un accord d'association avec l'Union européenne. Au contraire, soutient le ministre, le libre-échange va nous pousser à l'exportation de nos produits et à ramener des investisseurs directs. Djaaboub souligne: «Nous avons fixé l'échéance 2010 pour atteindre au moins les 2 milliards de dollars en exportation hors hydrocarbures». Mais pour cela, dira le ministre, «il y a lieu de balayer devant sa porte en organisant le marché intérieur et de s'attaquer aux nombreux problèmes qui bloquent l'exportation». Plusieurs problèmes ont été soulevés lors de cette rencontre par l'Association nationale des exportations algériennes (ANEXAL). Son président Zohier Bensalim relèvera que les problèmes les plus cruciaux résident dans le système bancaire et ses lenteurs qui poussent à des attentes qui se situent autour de 6 à 7 mois pour trouver les crédits à l'exportation. M. Bensalim a aussi soulevé le problème de l'attestation de rapatriement de l'argent, suite aux opérations d'exportation, exigée par le ministère du Commerce et les douanes qui empiètent, selon lui, sur la mission de la Banque d'Algérie. L'Anexal relèvera également la question du foncier agricole et ses répercussions sur la production. Une question sur laquelle de nombreux participants sont intervenus estimant qu'il ne peut y avoir de production si la question du foncier n'est pas revue. Un exportateur d'huile d'olive de la région de Tlemcen, dans ce contexte, fera savoir qu'il n'est pas possible de produire dans un système où les terres agricoles sont démembrées ou carrément «abandonnées par ceux qui sont censés les travailler». Anexal a relevé que 500 exportateurs algériens sont recensés au niveau national pour 40.000 importateurs. M. Mustapha Korichi, vice-président de la CACI, a recommandé pour sa part de centraliser au sein d'une même structure toutes les démarches administratives à l'exportation, tout en demandant aux opérateurs de s'organiser. Il a suggéré aux pouvoirs publics de «décharger l'exportateur des tracasseries quotidiennes pour que celui-ci se concentrera uniquement sur la vente de son produit». Pour le reste des problèmes, une rencontre est prévue la semaine prochaine entre El-Hachemi Djaaboub et les représentants des exportateurs et au cours de laquelle de nombreuses questions sur le sujet seront abordées. Une rencontre à laquelle ont été invités outre l'Association des exportateurs algériens (Anexal), la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (CACI), la Compagnie d'assurance et de garantie à l'exportation (Cagex), l'Agence algérienne de promotion du commerce extérieur (Algex) et des représentants d'exportateurs algériens résidents et non résidents, «pour la mise au point d'une plate-forme pour la promotion effective des exportations». Djaaboub a aussi demandé aux participants que les doléances et recommandations de la rencontre d'hier serviront à mettre au point une feuille de route dans le but d'élaborer une stratégie de promotion des exportations à tous les niveaux de la chaîne: prospection, exploitation et production, transport et en fin de parcours exportation. Cela dit, des mesures pour abaisser les taux des droits de douane, la TVA et l'IRG seront prises au profit de certaines filières, a encore promis le ministre.


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