Algérie

Lors du débat sur le new chaâbi Réda Doumaz descend en flammes 'El Gusto"



D'aucuns qualifient la musique populaire 'de primitive, bonne pour le musée". Cette façon de voir rétorquent les connaisseurs n'a qu'un but : 'pousser le peuple à s'éloigner de ses racines et se dépouiller du sentiment de ses origines, en devenant plus facilement perméable à l'influence étrangère". Deux défenseurs de cette réplique étaient les invités hier du Forum culturel d El Moudjahid" organisé autour du thème 'Le new chaâbi" avec Réda Doumaz, chanteur chaâbi, même s'il est considéré à tort par certains comme chanteur de variétés et Yacine Ouabed, dont le nom reste intiment lié au regretté Kamel Messaoudi pour avoir écrit l'un des plus beaux poèmes de la chanson 'Ya hassrah alik ya denya" qui a connu un succès retentissant.
De son appréciable parcours dans la chanson populaire, Réda Doumaz n'a pas l'air d'apprécier ce terme 'new" donné au chaâbi, lui qui 's'inscrit dans l'innovation" car, explique-t-il, 'El Anka, tout en continuant dans la voie de cheikh Nador a bien introduit du nouveau notamment par des instruments comme la derbouka, le violon, le banjo et aussi le saxophone sans parler de l'accordéon, considérés comme intrus dans le genre chaâbi". Il précise que la maître du chaâbi a fait aimer à la plèbe les changements opérés dans les 'nesrafat et autres enqlabat", ce qui a valu à ce dernier d'être traité par Nass El Andalous comme un destructeur, ce quoi il a répondu avec l'ironie qui lui est propre : 'Celui dont le père est Ziryab n'a qu'à m'attaquer en justice". Pour l'auteur de 'Ya moulet el ayn zerka", 'le chaâbi a déserté depuis quelque temps déjà ses espaces culturels qu'étaient les patios de La Casbah et la culture l'a répudié". 'Que voit-on de nos jours, si ce n'est des salles des fêtes, plutôt des cabarets sans alcool, animées par des DJ endiablés'", s'interroge-t-il en précisant qu'il refuse de s'introduire dans de telles salles tout en sachant qu'il y a de l'argent à y gagner.
Et s'il se réjouit de constater qu'il existe des myriades de jeunes prêts à assurer la relève dans ce genre qu'on veut enterrer, il ne manque pas d'afficher sa colère contre ceux qui veulent détruire la mémoire culturelle de l'Algérie notamment dans ce qui lui est propre, à savoir le chaâbi. Une critique véhémente à l'encontre du film 'El Gusto" de Safinez Bousbia sorti l'an dernier et dont le synopsis relate la rencontre de deux personnes, l'une musulmane et l'autre juive incarnées par Mustapha Nador et Edmond Yafil. Réda Doumaz pense que le film vise à 'effacer le génie d'El Anka par larbins interposés", et d'ajouter 'qu'il s'agit purement d'une succession de mensonges dans ce film". Tout en affirmant rester fidèle à lui-même et à l'esprit d'El Anka, l'artiste s'en va montrer son penchant pour l'innovation en exhibant 'El Mandouche", manouche gitan version algérienne avec une rosace atypique, tout comme l'a fait El Anka pour le mandole dont on lui prête la création. Un instrument en palissandre libanais, ébène brésilien et acajou, fabriqué par un Algérien, maître luthier vivant à Londres.
Quant à Yacine Ouabed, c'est plutôt la dèche, entendre par là une traversée du désert imposée par ceux qui continuent de ne voir dans l'art que le côté mercantile. Le poète qui faisait il y a quelques années figure de proue ne trouve pas la motivation. Pourtant il n'est pas du genre à se plaindre.
D'une grande humilité, il a toujours évité les feux de la rampe et son invitation au Forum, comme l'a confirmé l'animateur Abdelkrim Tazaroute, n'a pas été facile.
C'est au détour des métaphores qu'on devine la déception du poète. Une déception qui trouve son origine dans le manque de motivation exprimé par ceux qui ont la charge du secteur culturel.
Car le poète n'arrête de produire qu'en fonction des attitudes non encourageantes. C'est triste quand on voit une floraison de paroliers à quatre sous. Faut-il attendre qu'un autre Kamel Messaoudi face surface pour reprendre les paroles de Yacine qui ont bercé jeunes et moins jeunes '
A F


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