lors d'une rencontre avec la presse Enrico Fabbro : 'La JSK est victime de ses dirigeants"

Avant de partir en Italie, l'ex-coach kabyle, Enrico Fabbro, a improvisé dimanche soir un point de presse à l'hôtel Président en présence de six journalistes de la presse nationale. Liberté était présent et reproduit pour ses lecteurs les principales questions et réponses de l'intéressé.
Peut-on dire que vous n'êtes plus l'entraîneur de la JSK '
Enrico Fabbro : J'ai signé officiellement la résiliation du contrat avec le président Hannachi. Nous nous sommes séparés à l'amiable. Il m'a payé un seul mois supplémentaire. J'ai accepté cela pour éviter la justice et les ennuis à un club que je respecte énormément, vu son passé glorieux et ses formidables supporters. Je ne vous cache pas que j'aurais pu exiger le payement de mes salaires jusqu'à la fin de la saison car mon contrat court jusqu'à juin 2013. Or, j'ai préféré trouver un compromis qui arrange les deux parties.
Votre départ de la JSK était dans l'air depuis plusieurs semaines, cela n'a-t-il pas influencé négativement sur votre travail '
Cette situation ne m'a pas déstabilisé. En revanche, elle a influencé négativement sur le rendement de l'équipe. Mon départ a polarisé l'attention. La preuve, les joueurs étaient perturbés par cette situation. Moi, je suis habitué à ce genre de pression.
Est-ce que les résultats enregistrés sont l'unique raison de votre départ précipité ou bien y a-t-il autre chose '
Possible que je n'étais pas sympathique avec un ou deux dirigeants. C'est tout à fait normal, on ne peut pas plaire à tout le monde. Je sais qu'un dirigeant avait contacté un entraîneur pour me pousser à la porte de sortie. Je l'ai su cinq minutes après et j'avais même le montant qu'on lui a proposé. C'est pour vous dire que j'étais au courant de tout de ce qui se passait. Mais ce n'est pas correct et ce n'est pas une démarche honnête.
Il y a donc des gens qui pourrissent l'environnement du club '
J'ai parlé avec le président avant de partir. Il faut que ce dernier fasse attention à l'entourage du club. La JSK est victime de ses dirigeants. Je lui en ai parlé directement, en donnant même les noms et prénoms de deux personnes qui travaillent pour l'intérêt personnel et non pas pour aider la JSK.Il faut que le président fasse le grand ménage pour relancer la JSK sur de nouvelles bases.
Peut-on connaître les noms de ces personnes qui nuisent à la JSK '
Je ne m'entendais pas avec certains dirigeants. Même à l'intérieur du staff, il y avait plusieurs malentendus. Peut-être que j'ai commis l'erreur de garder Karouf dans mon staff.
Donc, le courant ne passait plus entre vous et Karouf '
J'avais une relation correcte avec Karouf. Nos tâches étaient bien réparties. C'est moi qui remettais le programme de travail de la semaine, Mauro (le préparateur physique/ndlr) faisait le sien sur le plan physique sous ma supervision. Concernant Karouf, celui-ci n'était là que pour servir de traducteur. Karouf m'a donné une idée sur le football algérien et les caractéristiques de certains joueurs, c'est tout.
Il n'y avait donc aucune complémentarité de travail entre vous et Karouf '
C'est difficile d'avoir une complémentarité de travail car Karouf vient d'une école différente de la mienne. Nos mentalités sont très différentes.
Si vous étiez à la place de Hannachi et que vous ayez un entraîneur qui ne réalise pas de bons résultats, que feriez-vous '
À la place de Hannachi, je recruterai un directeur sportif, pas forcément un ancien joueur ou un nom célèbre. Le mieux est de placer une personne qui connaît très bien le football et qui saura parler aux joueurs tout en aidant l'entraîneur dans sa tâche. Désormais, ça se passe comme ça dans tous les grands clubs.
Prenez l'exemple du PSG, c'est Leonardo qui fait ce boulot alors que Anceloti s'occupe de l'aspect purement technique.
À ce que je sache, c'est le directeur sportif qui recrute. Donc, ce n'est pas normal que Hannachi s'occupe de tout à la JSK !
Lors de la rencontre face à l'USMBA, n'avez-vous pas soupçonné vos joueurs d'avoir levé le pied tellement leur rendement était catastrophique '
Je pense que personne n'a levé le pied à Bel-Abbès. J'entretiens de bons rapports avec mes joueurs et je leur fait confiance. Je crois qu'il y a des problèmes de l'extérieur qui ont influencé sur le rendement de l'équipe. J'ai vu des choses à Bel-Abbès et même mon préparateur physique, Mauro, avait remarqué quelque chose d'anormal. À l'échauffement déjà, les joueurs n'étaient pas concentrés comme d'habitude. Il y a des personnes qui travaillent contre l'équipe et qui ont réussi à déstabiliser les joueurs. Il y a toujours une guerre à l'intérieur et à l'extérieur du club. Des personnes qui veulent la tête du président, cela tout le monde le sait. En fin de compte, c'est moi qui paye les frais de toute cette situation, je suis très déçu.
Selon vous, qu'est-ce qui manque à la JSK, sur le plan technique pour se ressaisir '
Au mercato, il faut que la JSK recrute un bon avant-centre. Avec ce renfort, je suis sûr que l'équipe remontera dans le classement du championnat.
Pensez-vous que le titre est toujours possible pour la JSK '
La JSK peut encore jouer le titre à condition de renforcer l'attaque avec un bon avant-centre, comme je viens de vous le dire. Je ne dis pas cela pour pénaliser les attaquants qui jouent actuellement, c'est juste un constat que j'ai fait depuis que je suis à la tête de cette équipe.
D'ailleurs, j'allais proposer à Hannachi de recruter un avant-centre brésilien que j'ai déniché moi-même et qui ne coûte pas cher. Il y avait même un autre qui est argentin, je suis capable si j'étais le directeur sportif de cette équipe de prendre l'avion et aller les chercher. Mais là, ce n'est pas possible puisque je pars.