Algérie

Longar aurait-il signé avec des «indus propriétaires» ' Affaire de la SSPA-Le Doyen-MCA



Le 8 octobre dernier, chacun des actionnaires de la SSPA-Le Doyen-Mouloudia Club d'Alger a été destinataire d'une lettre que leur avait adressée le président du CSA-Mouloudia Club d'Alger, Amar Brahmia.
En fait de lettre, il s'agissait d'une mise en demeure dans laquelle il demande à chacun d'eux de restituer les 100 000 dinars (10 millions de centimes) que chacun d'eux a utilisés pour entrer dans le capital de la SSPA.
«Ce comportement, écrit-il dans sa mise en demeure, est non seulement contraire aux prescriptions du décret exécutif n°06-264 du 8 août 2006 déterminant les dispositions applicables aux clubs sportifs professionnels mais il est aussi constitutif d'une infraction pénale d'escroquerie, de faux et usage de faux et de fausse déclaration.» Amar Brahmia poursuit dans sa missive :
«A l'effet d'éviter le recours à une action judiciaire préjudiciable à l'image de la famille du Mouloudia et à celle de tous ceux qui ont contribué honnêtement à l'essor et à la promotion de notre club, je vous demande de bien vouloir procéder, par écrit, dans les formes légales, à la restitution des actions qui vous ont été indûment attribuées et qui ont été portées à votre nom sur les statuts lors de la création de la SSPA-Le Doyen. Ces valeurs sont, en fait et en droit, des valeurs au CSA-MCA.»
Le président du club sportif amateur-MCA donne, alors, un délai de 7 jours à chacun des actionnaires de la SSPA-Le Doyen-MCA pour régulariser la situation en question faute de quoi il confiera le dossier aux avocats-conseils du CSA. Le délai étant consommé et comme aucun des actionnaires ne s'est manifesté pour répondre favorablement à la requête du président du CSA, on peut croire qu'une action en justice contre chacun de ces actionnaires a dû être entreprise par les avocats-conseils dont parle Brahmia.
Les documents qui prouvent tout
Pour être amené à rédiger sa mise en demeure, ce dernier dispose de documents irréfutables qui prouvent bien que pour devenir actionnaires de la SSPA-Le Doyen, les destinataires de la lettre de Brahmia ont bien utilisé l'argent de la SSPA pour entrer dans le capital de celle-ci.
Le premier de ces documents est une interview d'un des membres actionnaires, en l'occurrence Kamel Longar, à un quotidien sportif en date du 19 mars 2011. Dans cet entretien il indique que «la SSPA-MCA est née d'un trucage». Il y explique, également, que le capital de la SSPA a été créé grâce au million de dinars puisé dans les caisses du CSA-MCA et que pas un des actionnaires n'a tiré le moindre centime de sa poche.
Ces déclarations de Longar n'ayant pas été démenties par ceux qu'elles visaient, on peut penser qu'elles contiennent des éléments véridiques. Le deuxième document que détient Brahmia est nettement plus édifiant.
Il s'agit d'un document vidéo, son et image, puisé dans les archives du site web des supporters du Mouloudia, mouloudia.org. Ce film montre une des réunions qu'Eddir Longar, l'investisseur qui s'était proposé de racheter la SSPA l'été dernier, avec les actionnaires de cette SSPA.
Au cours de la réunion on entend l'ex-international du club algérois, Abdelouahab Zenir, déclarer qu'il est devenu actionnaire de la SSPA à son insu. «Je n'ai donné aucun centime, a-t-il dit. On m'a demandé d'apporter un dossier administratif pour devenir membre fondateur de la SSPA. Aujourd4hui on me dit que je suis actionnaire grâce à un apport de 100 000 dinars réalisé par mes soins.
Je regrette, ce que je sais c'est que je n'ai donné aucun centime.» A sa suite, Sadek Amrous, alors président du CSA, a déclaré : «Effectivement, on a prélevé 1 million de dinars du compte du CSA pour créer le capital de la SSPA.» Puis on entend un autre actionnaire, en l'occurrence Ahmed Gaceb, affirmer : «le capital de la SSPA a été monté grâce à l'apport de 1 million de dinars prélevé sur le compte du CSA.
Nous avons ensuite dispatché cette somme entre les différents membres fondateurs pour qu'ils deviennent actionnaires de la SSPA.» Le troisième document que détient Brahmia est un reçu de versement, en date du 11 juillet 2010, à la trésorerie de la wilaya d'Alger de la somme de 1 million de dinars dans un compte ouvert au nom du notaire de la SSPA. Ce million représentait la somme prélevée dans le compte du CSA pour créer le capital de la SSPA.
Sonatrach ne peut négocier qu'avec le CSA
Comme on le voit, la situation administrative de la SSPA-Le Doyen-MCA est cocasse. On a un capital avec des actionnaires dont certains reconnaissent n'avoir donné aucune somme d'argent pour avoir des actions. Selon des informations que nous avons eues auprès de quelques uns de ces actionnaires, s'ils avaient accepté d'agir de la sorte c'est parce qu'ils étaient gagnés par le temps car le Mouloudia risquait de se retrouver en dehors du circuit du football professionnel. Toujours est-il qu'on se retrouve avec une SSPA dotée d'un conseil d'administration composé d'actionnaires dont la particularité est de n'avoir rien apporté comme argent.
On se demande dans ce cas si cette SSPA est légale. Du reste on a appris qu'Eddir Longar, celui qui voulait acheter ce club et qui avait fini par en être écarté, aurait saisi celui qui est supposé être le président du conseil d'administration de la SSPA, lui indiquant qu'il pourrait entamer une procédure judiciaire contre la société sportive commerciale si jamais elle venait à négocier avec Sonatrach qui se propose de racheter le club professionnel.
Il annonce que si la conseil d'administration veut négocier avec l'entreprise étatique, il faudra que lui d'abord renonce au protocole d'accord qu'il a signé avec la SSPA en date du 24 avril 2012. Il se dit que si Sonatrach a freiné dans ses pourparlers avec le conseil d'administration de la SSPA ce serait à cause de cette mise en garde d'Eddir Longar. Il faut pourtant se demander si le protocole d'accord du 24 avril dernier dont parle Longar est valable.
Il l'a signé avec un conseil d'administration dont les membres sont, pour ainsi dire, des «indus-actionnaires» ou si vous voulez des «indus propriétaires» puisqu'il est prouvé que la SSPA a été créée avec de l'argent qui ne leur appartient pas. Longar aurait dû négocier avec la structure propriétaire de la SSPA, celle du compte de laquelle on avait prélevé le million de dinars, à savoir le CSA.
Par conséquent si Longar ne peut pas faire jouer le document du 24 avril 2012, Sonatrach ne peut négocier avec ceux-là mêmes qui pourraient être considérés comme des «indus propriétaires». Si Sonatrach veut acheter la SSPA elle devra prendre attache avec le CSA, le véritable actionnaire de la SSPA. Autant dire que le document qu'elle a signé récemment avec ce conseil d'administration pourrait être frappé de nullité. En somme une histoire qui est loin de connaître son épilogue.


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