L'échec du gouvernement libyen d'intégrer les milices au sein des corps de la police et de l'armée était prévisible. Le régime de Kadhafi n'était pas basé sur des institutions, mais sur les puissances tribales. Des centaines de milices constituaient la colonne vertébrale du système libyen à travers les comités populaires servant d'organismes de gestion des affaires publiques et de distribution de la rente. La chute brutale de Kadhafi, en 2011, a mis à nu ce système médiéval qui a maintenu la Libye pendant des décennies sans institutions et sans avenir politique clair.Si les initiateurs de la révolution, boostée par l'intervention musclée de l'OTAN, ont vite applaudi la disparition des Kadhafi et de leur système, ils n'auraient jamais imaginé que le pays allait atteindre un tel niveau de chaos, même s'il est clair que la mise à mort de la dictature était inévitable. Dans la nouvelle Libye du printemps arabe, les défis ne sont pas seulement la mise en 'uvre d'un processus démocratique comme c'est le cas en Tunisie ou en Egypte.
Il s'agit, d'abord, de convaincre les miliciens, et ils sont nombreux, et surtout fortement armés, de la nécessité de construire un Etat. Ce que la Libye n'a jamais connu. Un processus de dialogue, si dialogue il y aura, qui peut durer des années, étant donné la culture même des miliciens et des moyens dont ils disposent en termes de capacité de nuisance. Le kidnapping du Premier ministre, Ali Zeïdan, en octobre dernier par les islamistes, a été ce signal que les milices avaient lié des connexions avec d'autres groupes liés à la contrebande et au terrorisme dans un Sahel devenu une véritable poudrière.
Ensuite, il faudra aller vers le débat sur la démocratie. En l'occurrence, il s'agira de consolider les institutions élues, d'élargir le champ des droits de l'Homme, de mettre fin aux disparités régionales, rétablir la diversité culturelle et linguistique ainsi que la place de la religion dans l'espace politique. Le ras-le-bol des Libyens contre le pouvoir des milices peut être le début de cette longue et périlleuse bataille pour bâtir une république. Elle ne sera pas sans sacrifices. Les Libyens le savent maintenant.
S. T
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Posté Le : 17/11/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Salim Tamani
Source : www.liberte-algerie.com