Les interminables parties de dominos constituent le principal loisir de
bon nombre de jeunes et moins jeunes Oranais, notamment pendant le mois de
ramadhan.
Ce jeu de société semble s'être, désormais, inséré dans le lot de notre
quotidien à Oran, à l'instar des autres villes du pays. Il a détrôné tous les
autres jeux de cartes qui avaient la préférence chez les anciens et
constituaient l'essentiel de l'ambiance dans les cafés maures de la cité
éponyme de Sidi El Houari. En évoquant cette époque, les nostalgiques ont
résumé «autres temps, autres mÅ“urs» à propos de ce nouveau chamboulement en
matière de loisir. Le jeu de dominos, qui exige une certaine maîtrise dans le
calcul mental, a été adopté au fil des années, au point de s'introduire dans
les foyers à la faveur de l'insuffisance flagrante de loisirs. Quelques
instants après le f'tour, les mordus du domino s'empressent pour se rendre au
café de leur quartier afin de faire partie du quatuor qui entamera la partie.
Les retardataires patienteront pour remplacer le duo des perdants. La partie
s'étalera durant toute la soirée et ne s'achèvera, assez souvent, qu'au petit
matin, avec l'appel à la prière. D'autre part, de nombreux riverains organisent
ces parties de dominos au coin d'une rue sous un candélabre ou au seuil de
leurs habitations, en utilisant les moyens de bord. Une table suffit
généralement pour réunir les joueurs qui ramènent chacun un banc ou une chaise.
Dans ce jeu, le double six, hantise des joueurs, est la principale pièce
suscitant toute l'attention, par rapport aux autres, car synonyme du maximum
des 12 points qui sont comptabilisés en fin de partie en faveur du gagnant.
Dans certains quartiers de la ville, on trouve des places publiques envahies
par des dizaines de joueurs de dominos, sur les bancs et parfois à même le sol.
Un brouhaha indescriptible se dégage de ces lieux, bien entendu, beaucoup
perdant patience s'en prennent à leurs «coéquipiers» ou à leurs adversaires,
contre une tricherie ou un mauvais réflexe. Des bagarres éclatent parfois car,
le jeûne aidant, les nerfs sont parfois à fleur de peau et il suffit d'un rien
pour déclencher des joutes verbales très... acides.
Il faut noter, néanmoins, que
beaucoup préfèrent jouer aux dominos pendant la journée, histoire de tuer le
temps, surtout les gens qui sont en vacances. Après une longue grasse matinée
et un saut au marché, commencent des parties qui durent presque jusqu'à l'appel
du Muezzin. Et rebelote après le f'tour. «Les journées sont longues, c'est
ramadhan et on ne peut pas aller à la plage, on regarde la télévision mais on
s'en lasse rapidement. Alors, on joue aux dominos, c'est un jeu passionnant et
on ne voit pas le temps passer. On n'est pas vraiment mordu de ce jeu, car,
généralement, on ne le pratique que pendant le mois de Ramadhan, le reste de
l'année on est occupé à travailler et on oublie ce jeu. Pour nous, ce sont les
dominos, mais certains préfèrent jouer au rami, d'autres à la belote, mais il
n'y a pas mieux que les dominos, dommage que les soirées soient trop courtes»,
nous dit un adepte des dominos.
Quand la culture bat de l'aile,
le citoyen s'organise pour tenter de combler le vide et jouir ainsi d'un moment
d'évasion, le temps d'une partie de dominos ou de plusieurs.
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Posté Le : 08/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Rachid Boutlélis
Source : www.lequotidien-oran.com