Algérie

Loisirs bon marché



Loisirs bon marché
«Ce serait un pléonasme que de nommer un ministre des loisirs.» KurzasLe mauvais temps passé, tout le monde éprouve le besoin de s'aérer un peu et d'aller prendre les rayons d'un soleil pas encore agressif. Mais il est toujours difficile de l'endroit idéal d'oublier la grisaille du quotidien. Il faut avoir vécu peu ou prou dans un autre pays pour évaluer le décalage (pas seulement horaire!) entre le mode de vie d'ici et la façon de vivre là-bas. La qualité de la vie est un concept et une culture.Le jeune homme qui pose le pied pour la première fois sur un de ces sols bénits où la démocratie n'est pas un vain mot est abasourdi par l'aisance et la sensation de liberté qu'il éprouve. S'il n'y avait pas le problème d'argent, il se sentirait aussi léger qu'un papillon au mois de mai. D'abord, il n'est qu'un élément dans une foule bigarrée où chacun vaque à ses propres affaires sans s'occuper du voisin, du collatéral. Les différences de costumes, les accoutrements divers n'attirent plus l'oeil dans ces villes cosmopolites où tout le monde donne l'impression de vivre sur un nuage, où la grande majorité des gens songe plus à profiter de ce court segment de temps qu'on appelle «la vie» qu'à surveiller le voisin ou à «bouffer» des yeux celui qui est installé en face dans une salle d'attente ou dans un transport public. Ah! les transports publics! C'est là où le bât blesse dès que l'on a goûté au bus, au métro, au RER ou au bateau-mouche avant d'emprunter le train onze sur les grands boulevards.La régularité des transports publics, une circulation dense mais maîtrisée, le confort, le silence ouaté des pneus qui glissent le long des voies et on se sent tout petit quand on pense à la promiscuité dans les épaves roulantes entre Alger et sa banlieue (non traversée par l'autorail bien sûr), on revoit les longues files de clandestins à l'affût d'une victime à rançonner, on pense à la condescendance des receveurs à l'aise dans leur peau de voyou, à la nonchalance des conducteurs ou au mépris total qu'ils expriment envers «la marchandise» qu'ils transportent et qui émet de temps à autre de timides protestations, mais les différences ne s'arrêtent pas là: le sentiment de sécurité s'accroît avec la propreté des rues. Vous ne verrez jamais là-bas un camion-benne emprunter à 13heures de l'après-midi une chaussée rétrécie par un chantier à l'abandon et le stationnement abusif de véhicules de livraison qui se succèdent toute la journée au vu et au su des agents de l'ordre dont les véhicules sont soumis aux mêmes embarras...Mais la différence frappante entre ici et là-bas: là-bas ce sont les cafés, bars et restaurants qui offrent de magnifiques terrasses aux promeneurs fatigués et peu portés sur les jardins et parcs où les gens de tout âge, las de l'enfermement des appartements, viennent goûter l'air frais et les caresses des rayons de soleil. Les terrasses de café ont toujours été des endroits privilégiés pour la discussion, les échanges d'idées ou l'observation de la société, à travers les passants pressés ou traînant le pas. On peut même y amener sa petite copine sans risque de se voir exiger un livret de famille...Ici, les bars se font de plus en plus rares: les rescapés sont d'infâmes bouis-bouis, qui sentent la chique, l'urine et la cigarette froide. Les terrasses sont supprimées purement et simplement, comme de nombreux lieux de convivialité sont transformés en fast-foods. Tous ces aspects qui ne semblent pas si importants donnent une impression que les services concernés tournent le dos au tourisme populaire et à la vie.




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