La nature des débats sur l?accession de l?Algérie au temple du commerce mondial n?est pas moins dans le cas de nous inciter à porter un regard introspectif sur la façon algérienne de conduire des affaires d?Etat. Plus de vingt ans après avoir exprimé pour la première fois l?hypothèse d?entrée à cette Organisation mondiale du commerce (ex-GATT), le pays donne l?impression de ne pas savoir encore dans quelle direction aller. En effet, il se pose au moins deux problèmes fondamentaux au pays. Le premier est que les dirigeants ont tout le temps cultivé une sorte de mystère autour de cette question du fait notamment du très faible niveau de communication avec l?opinion publique sur le sujet. Le second, qui en est d?ailleurs la conséquence, a trait aux termes des débats qui alimentent les rares rencontres sur la question entre les politiques et les représentants du secteur économique. On retiendra, par exemple, que les questions idéologiques de quelque nature que ce soit, l?avant-garde socialiste ou le courant nationaliste professant le monopole et le protectionnisme, ainsi que son succédané très en vogue actuellement, le patriotisme économique via les acteurs locaux, prennent souvent le dessus sur des considérations essentielles et pratiques qui engagent le changement. Nous en sommes ainsi bien loin des enjeux en présence de sorte que dans le domaine de l?industrie comme dans celui de l?agriculture ou des services, les débats et les interventions de nombre de représentants censés incarner la défense de leurs intérêts et, du coup, participer ainsi à y voir plus clair n?ont fait que dévier davantage l?attention de la population. Ainsi, on ne sait plus s?il est dans l?intérêt de l?Algérie d?adhérer à l?OMC ni d?ailleurs s?il faut rester en dehors. Il se passe quelque chose d?étrange dans la conduite de ce dossier comme si telle entreprise devait être une fin en soi. On eût dit que le ticket d?adhésion obscurcit l?horizon économique du pays. Mais le vrai danger pour le pays vient du fait que, à ce rythme d?exclusion des acteurs économiques et sociaux comme partenaires dans toute stratégie d?élaboration de l?ouverture économique, l?on ait gardé le monopole politique sur la démonopolisation des affaires économiques. Et l?une des tares de cette conduite est à trouver bien évidemment dans ce que Nobert Lebalé, un expert de la CNUCED, a dit à propos des difficultés (réelles ou supposées) de l?Algérie à faire avancer ce dossier auprès de certains pays. « L?Algérie a ouvert beaucoup de choses dans les services au profit de l?Union européenne. Il se pose un énorme problème », nous a-t-il confié avant-hier à Alger.
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Posté Le : 22/04/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Benyahia
Source : www.elwatan.com