Algérie

Loin de la ville, loin de la culture



Loin de la ville, loin de la culture
Malik BoumatiComme toutes les wilayas du pays, celle de Tizi Ouzou vit ce phénomène finalement comme une fatalité par tous. Plus on s'éloigne de la ville, plus on s'éloigne de la culture. La ville des genêts est donc la mieux lotie en termes d'activités culturelles et artistiques grâce notamment à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri et au Théâtre régional Kateb-Yacine, qui proposent des programmes de façon quotidienne.Mais, cela ne veut nullement dire que les habitants des communes et villages des alentours ne veulent pas de culture, puisque ce sont eux qui la font et qui la nourrissent en ville, c'est plutôt la culture qui trouve encore d'énormes difficultés à atteindre ces villages, et pas seulement les plus reculés. La Tribune qui a déjà traité ce sujet, a souvent mis en relief l'incapacité des autorités locales à prendre en charge directement l'animation culturelle dans les soixante-sept communes de la wilaya, et encore moins dans les 1 500 villages que compte la wilaya de Tizi Ouzou. Même les démembrements locaux de l'Etat ne disposent pas des moyens financiers et techniques pour assurer une animation culturelle régulière. Les municipalités fonctionnent toujours avec un déficit à la fin de l'année et sans les PCD et les PSD que l'Etat central leur octroie annuellement, elles ne seraient même pas capables de bitumer un kilomètre de routes. Donc il ne faut pas attendre des communes qu'elles organisent des activités culturelles au profit des villageois, surtout les plus pauvres d'entre elles, et elles sont nombreuses.Il reste les associations culturelles qui se trouvent être les mieux placées pour assurer une animation culturelle au niveau local, que ce soit dans les chefs-lieux de communes ou dans les villages. Leur situation est malheureusement peu reluisante et ce ne sont pas les 50 000 dinars qu'elles perçoivent comme subvention de l'Etat qui pourraient leur permettre d'être actives dans leurslocalités respectives. Elles restent pour l'instant en hibernation en attendant des jours meilleurs, comme par exemple le jour où les opérateurs économiques locaux acquerront la culture du sponsoring qui est la seule, sinon la meilleure, aubaine en faveur de la socialisation de la culture et des arts. Quand une association décide d'organiser une activité, seul le porte-à-porte chez les commerçants et les habitants du village est en mesure de faire aboutir leur projet, mais les activistes culturels et les animateurs associatifs sont conscients que cette méthode ne pourra pas se refaire plusieurs fois par année. Ils sont donc incapables d'assurer une régularité dans l'organisation de leurs activités, notamment parce que les villageois préfèrent réserver leurs cotisations aux comités de villages qui s'occupent de questions beaucoup plus «utiles» et «urgentes». Ceci dit, les pouvoirs publics font parfois quelques efforts pour délocaliser des activités culturelles et les faire sortir du chef-lieu de wilaya.A l'occasion des grandes manifestations culturelles que Tizi Ouzou accueille, notamment durant la saison estivale, à l'instar du Festival arabo-africain de danse folklorique ou du Festival «Lire en fête», il est programmé des spectacles de chants et de danses folkloriques dans plusieurs centres urbains de la wilaya, question de faire bénéficier plus de monde des spectacles et des activités offerts lors de ces festivals. Mais, cela reste largement insuffisant en ce qui concerne le nombre d'habitants touchés de même que le nombre d'activités et de spectacles. En somme, des dizaines, voire des centaines de villages et plusieurs chefs-lieux communaux se trouvent «exclus» de ces programmations.En fait, l'incapacité des associations culturelles à assurer une activitéculturelle régulière dans les coins les plus reculés de la wilaya s'explique nonseulement par l'incapacité des pouvoirs publics à apporter leur aide et l'absence de sponsoring qui viendrait des opérateurs économiques de la région, mais aussi du manque d'engagement de la presse nationale qui ne s'est pas donnée les moyens de faire un travail de proximité qui inclurait les «petites» activités culturelles organisées dans les quelques villages qui arrivent à les accueillir de temps en temps. Cette situation, il faut se l'avouer, n'encourage pas les opérateurs économiques à se lancer dans le sponsoring des activités culturelles et artistiques, considérant que sans couverture médiatique, l'opération ne serait pas rentable pour leurs affaires.M. B.




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