Le port de Marseille «victime» de la loi de finances complémentaire
algérienne ? Au vu de l'importance du trafic commercial qui existe entre le
port de Marseille, il est évident qu'une réduction du volume des importations,
objectif proclamé et non caché du gouvernement, ne peut qu'avoir un impact.
L'Algérie est, selon les chiffres disponibles, le deuxième client après la
Chine du port autonome de Marseille avec un trafic de 8 millions de tonnes. Ce
n'est pas la première fois que des mesures d'ordre économique décidées par le
gouvernement algérien sont jugées néfastes pour l'activité du port de
Marseille. Ce fut le cas, il y a quatre ans, de l'interdiction des véhicules
d'occasion de moins de trois ans qui a entraîné la fin de tout un segment de
l'activité du port de Marseille. L'activité qui concernait en moyenne près de
70.000 véhicules par an ne pouvait qu'avoir un impact sur les revendeurs de
véhicules d'occasion, les transports et l'activité du port de Marseille. Mais
au bout du compte, la décision a été bien digérée et ce sont les constructeurs
automobiles français, Peugeot et Renault, qui ont le plus profité de la mesure
anti-occasion. Comme quoi les apparences peuvent être bien trompeuses. Les
dernières mesures anti-importation contenues dans la loi de finances
complémentaire - notamment l'obligation de recourir au seul crédit documentaire
- ont logiquement un impact sur les importations. Les importateurs algériens
doivent prendre du temps pour s'adapter à cette procédure, d'autant que les
banques algériennes, à l'image de la BEA, cherchent à affiner les choses. Cela
semble être une question de temps même si pour l'heure la tendance est à la
mauvaise humeur. Pourtant les opérateurs du port marseillais font grise mine,
certains évoquant une «situation critique» pour les transporteurs et l'ensemble
de l'économie de Marseille. Bernard Vidil, directeur général de la compagnie
maritime Marfret, considère que c'est toute l'activité des bassins est du port
de Marseille qui va être «mise en péril». L'Union maritime fluviale de
Marseille a souhaité que la «France, 2e partenaire mondial de l'Algérie, entame
des négociations pour que soient trouvées des solutions intermédiaires à ces
mesures radicales qui pénalisent l'Algérie comme la France».
Des chiffres éloquents
C'est en quelque sorte, la
«Sardine de la LFC qui a bouché le port de Marseille», pour reprendre la
fameuse formule populaire française qui se moque des histoires à dormir debout
et des exagérations. Et il semble qu'on est en face d'exagérations. Les
activités du port de Marseille subissent surtout l'impact de la crise globale
et des conflits sociaux. Les chiffres sont éloquents. En janvier 2009, le grand
port de Marseille avait perdu un quart de son trafic, 24%, par rapport à
janvier 2008. Les chiffres du premier semestre 2009, arrêtés à juillet, donc
avant les mesures de la loi de finances complémentaire, indiquent une baisse de
13% par rapport aux sept premiers mois de 2008. L'activité de juillet 2009 est
en baisse de 4% par rapport à 2008. Par rapport à juin 2009, l'activité de
juillet a baissé de 11%. Il y avait donc une tendance lourde à la baisse alors
que les importations algériennes sont restées pratiquement au même niveau
jusqu'à juillet 2009. D'une certaine manière, cette activité d'import a quelque
peu atténué l'impact de la crise sur le port de Marseille. Les mesures de la
LFC, aussi contestables qu'elles soient, sont le signe que - malgré un discours
algérien quelque peu surréaliste - la crise touche également l'Algérie.
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Posté Le : 31/08/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : M S
Source : www.lequotidien-oran.com