Logique de parti de pouvoir

Le fait est connu : le RND, sans doute un peu plus que le FLN, est un parti du pouvoir et ses adhérents ne sont pas des militants politiques comme les autres. La plupart d'entre eux ont choisi d'investir ses rangs plutôt que ceux d'une autre formation parce que la carte RND ouvre la voie à une multitude de débouchés, notamment en matière de mandats électifs dans les assemblées locales et au Parlement, mais aussi, pour certains, au gouvernement et autres institutions étatiques intermédiaires.
Ainsi, tant que ces débouchés étaient assurés, une régression des résultats électoraux du RND ne pouvait suffire à provoquer une fronde durable à même de mettre à mal le numéro un du parti. Ceux qui s'y étaient essayés, il y a dix ans, au lendemain des législatives de 2002, l'ont vérifié à leurs dépens.
C'est bien l'éviction d'Ahmed Ouyahia du poste de Premier ministre qui est donc perçue par ses lieutenants d'hier, en particulier par ceux d'entre eux qui nourrissaient des ambitions de promotion ou d'avancement, comme un mauvais signe. Le RND ne serait donc plus dans les bonnes grâces des décideurs, se disent-ils, et si l'on en est là, le fautif tout désigné a pour nom Ahmed Ouyahia. La bête est à terre, il est temps de sortir les couteaux. Ainsi va la vie d'un parti de pouvoir qui, par définition, est animée non pas par des débats d'idées mais par des luttes entre clans qui 's'attendent au tournant".
Pour autant, la partie ne sera pas de tout repos pour les 'redresseurs du RND". Une bonne partie des cadres et de l'effectif du parti restera fidèle à Ouyahia car le sachant capable de rebondir. Peut-être est-il même sur les tablettes des décideurs qui, d'ores et déjà, pensent à la présidentielle de 2014. Auquel cas son retrait du poste de Premier ministre ne serait pas un limogeage mais juste une mise au placard en attendant l'heure du grand choix. C'est bien cette même logique prudentielle qui empêche les 'redresseurs" de cet autre parti du pouvoir, le FLN, d'enlever le gouvernail des mains du clan Belkhadem.