Algérie

Logements de fonction de l?éducation


La chasse aux retraités Les premières actions se sont traduites par la constitution d?un comité des retraités de l?éducation nationale, l?interpellation du président de la République et la constitution, le cas échéant, d?un collectif d?avocats pour se défendre. Néanmoins, lors d?une assemblée générale tenue hier matin en présence du secrétaire général de la Fédération des retraités au siège de l?Union générale des travailleurs algériens (UGTA), les travailleurs de l?éducation sont revenus sur une bonne partie de ces actions. Les engagements du ministère à geler les décisions de mise en demeure ont quelque peu fait dissiper les nuages même si beaucoup ont exprimé leur pessimisme. Après avoir élu les membres du bureau d?un comité des retraités, ils ont longuement discuté de leur situation et des tractations menées avec le ministère de l?Education. Les membres du comité ont rendu publique la lettre d?explication de l?inspectrice de l?Académie d?Alger, dont ils ont été destinataires le 21 juin dernier, qui a indiqué « avoir été instruite » par le ministre de procéder à « l?assainissement » de la situation des logements d?astreinte et de fonction. L?inspectrice de l?Académie d?Alger, Mme Younsi, qui a affirmé avoir dû « procéder à l?envoi des mises en demeure à tous les collègues retraités », a tenu à « rassurer sur cette opération qui ne concernera que les collègues ayant les moyens de se reloger ou ayant bénéficié déjà de logement par les services de l?Education nationale. Transmettez à tous les collègues - à qui je ne permettrai jamais de faire l?affront d?une expulsion ou d?une quelconque violence morale - tous mes v?ux de bonne santé ». La réponse du comité des retraités a été très tranchée. Avant toute entente, il a exigé « l?annulation pure et simple » des premières décisions, mesure qu?ils ont qualifiée de « premiers pas » vers la résolution du problème. Une position exprimée par la plupart des participants à l?assemblée générale. « Nous sommes d?accord pour un assainissement de la situation et même prêts à aider afin que ceux qui ont pris des logements - et qui ont les moyens d?en avoir - restituent les biens au secteur de l?éducation. Mais de là à accepter que ceux qui ont donné toute leur vie à ce secteur soient jetés à la rue, nous ne l?accepterons jamais », ont déclaré certains retraités. Prenant la parole, le secrétaire général de la Fédération des retraités a très vite fait de dissiper la colère et calmer les esprits. « Nous nous sommes entendus avec les responsables au ministère de l?Education qui se sont engagés à geler cette décision jusqu?à ce que les dossiers soient bien traités. Les retraités qui ont bénéficié d?un logement ou qui en possèdent doivent quitter leur domicile professionnel et ceux qui n?en ont jamais bénéficié et n?ont pas où aller y resteront jusqu?à ce que leur cas soit résolu. Les membres du bureau élus seront chargés de suivre le traitement de tous les dossiers et c?est avec sa participation que l?assainissement aura lieu. Nous avons demandé au bureau du comité des retraités de prendre en charge tous les dossiers, une fois que les concernés aient ramené une déclaration sur l?honneur qui atteste qu?ils n?ont jamais bénéficié de logement », a déclaré M. Azzi. Très confiant, ce dernier a tenu à « rassurer » ses collègues de l?éducation en rappelant le contenu de la lettre de l?inspectrice d?Alger. Mais en dépit de cet optimisme affiché, les travailleurs de l?éducation ont exprimé leur « appréhension » quant au respect par l?administration de ses engagements dans la mesure où la décision du ministre touche les 48 inspections qui existent sur le territoire national et non pas uniquement Alger. Le nombre des retraités concernés se comptent par dizaines de milliers, puisque à Alger seulement, ils sont un millier à être destinataires des mises en demeure. Dans certaines wilayas, les retraités ont été orientés vers les présidents d?APC pour déposer leur dossier et quitter leur logement de fonction, créant ainsi une situation de colère, mais aussi d?humiliation. C?est ce qui les a poussés à rédiger cette lettre adressée au président de la République : « ( ...) Après l?accumulation des connaissances et des expériences et au lieu de profiter de notre capital dans le programme de réforme de l?éducation, pour construire une école d?avenir, nous avons été mis à la retraite (...). Cette décision constitue pour nous et nos familles une condamnation du fait des problèmes qui vont l?accompagner, à commencer par la pension de retraite qui ne nous suffit même pas pour faire face aux factures de l?électricité, de l?eau, du téléphone, du lait et du pain (...). Nous avons travaillé et obtenu des logements de fonction à l?intérieur des établissements et nous interpellions à chaque fois l?administration sur la constitution d?une coopérative immobilière avec la participation des ?uvres sociales, en vain. (...) Nous ne fuyons pas nos responsabilités puisque nous savons que certains d?entre nous possèdent plus qu?un logement. Néanmoins, c?est à l?administration d?utiliser ses moyens pour enquêter. » L?assemblée générale des retraités de l?éducation s?est terminée en fin de matinée avec comme conclusion de se revoir, probablement le 22 juillet, à la centrale syndicale.