Algérie

Logements, bidonvilles, industries


Terres agricoles d’Oran: la menace persiste Dans une étude intitulée «évolution des pratiques et projets du monde rural à proximité de métropoles en Algérie, cas de la région d’Oran», Fafa Rebouha, professeur à l’USTO, tire la sonnette d’alarme sur l’érosion des terres agricoles dans la wilaya d’Oran et en fait un exemple de la menace de la disparition du tissu rural à travers tout le pays. Des chiffres qui font peur. D’emblée, son travail de recherche classe les communes d’Oran en trois catégories: celles qui ont perdu leur fonction agricole face à l’habitat de masse, celles qui n’ont pas subi d’importantes transformations et celles habitées par une population nouvelle d’agriculteurs ainsi que d’autres métiers. Ensuite, l’étude constate que «parler de l’agriculture à Oran n’a pas de sens pour les administrateurs de la ville qui la considèrent comme une métropole vouée à l’industrialisation». Et pour cause, «la récupération des terres agricoles situées à l’intérieur du tissu urbain représente une réserve de foncier important». Les terres agricoles sont donc soit récupérées pour utilité publique, soit ne sont pas préservées. Et, avec une densité de 461 habitants au kilomètre carré, se multiplient les programmes de logements qui ne peuvent obtenir d’assiettes que dans les communes rurales. Les POS (plans d’occupation de sol) autorisent l’effacement des terres agricoles, même s’il subsiste encore un «paysage de l’espace rural» entre Oran et Arzew, et jusqu’à Aïn Témouchent. L’étude constate que l’implantation de logements collectifs ne s’accompagne pas d’équipements nécessaires pour faire accroître la population résidant dans les communes rurales. De la sorte, on assiste sans cesse à une vague de migration de la population rurale vers les zones urbaines. Restés sur les lieux, les villageois des zones agricoles ont été à leur tour confrontés à un flux migratoire qui a changé la vocation de ces dernières. Ce flux était composé de regroupements familiaux et de travailleurs temporaires. «Parfois apparaissent dans les communes, limitrophes à la ville, des zones d’accueil de départ et de transit du fait que les propriétaires d’habitations les proposent à la location à des prix modérés, cela incitant des familles à s’installer temporairement». Mais, «tandis que les agriculteurs vivaient dans la précarité à proximité de la ville, les migrants des zones éparses dont l’activité est l’agriculture ont fui ces espaces pour le manque de sécurité et la pauvreté». Les zones attractives entre 1987 et 1998 ont été les communes d’Es-Sénia, Misserghine et Bir El-Djir. Durant cette même période, l’on a enregistré 128.486 migrants à l’intérieur de la wilaya, dont une majorité était à la recherche d’une maison individuelle. Ainsi, «une commune comme Bir El-Djir a perdu tout le foncier agricole à part quelques petites parcelles qui seront regagnées par l’extension. Sur la commune de Sidi Chami, le quartier de Nedjma n’existait pas en 1987. Aujourd’hui, cette zone compte une population estimée à 33.130 âmes», souligne le document. Les dégâts sont là: le nombre d’exploitations agricoles a connu une baisse de 7% entre 1998 et 1999, les terres ayant été cédées à l’urbanisation! En 1993, les terres agricoles représentaient 43% de la surface totale de la wilaya. Dès 1994, période qui a coïncidé avec la disparition des meilleurs vergers dans les hameaux de Haï Khemisti et d’Es-Sénia, on note de nombreuses irrégularités. Celles-ci sont relevées sur les exploitations agricoles dans les communes de la région d’Oran, telles que les transactions illégales sur ces terres. «Les terres, biens de l’Etat, ont été détournées de leur vocation agricole dans les communes rurales telles Misserghin, Es-Sénia, Sidi Chami, El-Ançor, Bousfer, Aïn El-Türck, etc. Mais ce n’est pas tout. Derrière cette disparition des terres, c’est la hausse du chômage et la montée des fléaux sociaux que l’on retrouve à la clé. L’emploi dans l’agriculture a fortement diminué à Oran, passant de 7,4% en 1977 à 5,5% en 1987. «Cette diminution révèle la primauté des autres secteurs: BTP, industrie et autres branches (...) La diminution en 2002 est plus forte puisque la part était de seulement 3,4%. L’auteur de l’étude constate, pour sa part, que «la construction à proximité de l’espace rural avance sans souci d’ordonnancement et de régularité, l’habitat se fait de plus en plus dans les zones dites rurales». De plus, «les transformations de la ville affectent la structure démographique de la région en attirant de nouvelles populations». Par conséquent, «la société des communes rurales est devenue très diversifiée et l’élément agricole y est devenu minoritaire». La conclusion de l’étude sonne comme une sentence: Ce n’est pas le détournement des terres agricoles qui est le problème, mais c’est la non maîtrise de l’urbanisation des villes et le peu d’intérêt porté aux populations rurales alentour qui est la source du mal. «Le détournement des terres agricoles prouve que les agriculteurs ont changé d’activité et de lieu de résidence pour migrer vers la ville. Quel devenir sera donc réservé au monde rural limitrophe à la ville?», s’interroge l’auteur de l’étude. Amine B.
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