Algérie

Logement social, la leçon d'El Ménéa



Logement social, la leçon d'El Ménéa
Pendant que l'Aadl convoquait les premiers souscripteurs de la nouvelle vague pour le paiement de la «première tranche», le jeune homme d'El Goléa qui s'était immolé par le feu il y a quelques jours rendait l'âme à l'hôpital de Ghardaïa. Dans un geste de désespoir, il avait mis les flammes à son corps après avoir découvert que son nom ne figurait pas sur la liste des bénéficiaires de logements sociaux rendue publique par la daïra.Pour le symbole, c'est d'ailleurs devant la bâtisse qui abrite le siège de cette institution que le malheureux avait accompli son acte ultime. Bien sûr, rien ne vaut la peine de se donner la mort. Même pas un? logement social. Et si on devait s'en tenir aux différentes «explications» fournies pour se dédouaner de ce drame, on est tenté de conclure que les autorités locales n'y sont pas pour grand-chose.Mais seulement dans l'absolu. Il y avait 670 «demandes étudiées» sur 13 000, alors que le nombre de logements «finis et prêts à être distribués» était de 300.Le chef de daïra a déclaré à la presse qu'il avait reçu le jeune homme dans son bureau et qu'il lui avait «expliqué qu'il pouvait faire recours» et que «le choix des bénéficiaires obéit à des critères avec la participation de la société civile».Le secrétaire général de la wilaya, lui, a été beaucoup plus terre à terre et ce n'est déjà pas si mal, au point où en sont les choses : «Il est quasiment impossible de satisfaire toutes les demandes.» Et c'est vrai, si tant est qu'on peut en tirer quelque consolation.On ne sait pas si le dossier du malheureux jeune homme a été au moins «étudié» mais on sait qu'il y avait, dans le «meilleur» des cas, 470 candidats potentiels au suicide. Dans le pire, c'est 12 700.Pourquoi ' Pour plein de raisons mais surtout parce que nous sommes le seul pays au monde à? distribuer des logements !C'est d'abord dans les formes d'accès que le logement social pose le plus de problèmes et par conséquent charrie de violentes colères de rue, quand elles ne mènent pas à des issues dramatiques comme c'est le cas avec cet homme d'El Ménéa.C'est déjà loin d'être évident que la volonté politique de «satisfaire toutes les demandes» existe. Et quand viennent s'y ajouter l'indigence dans les formes d'accès et, plus grave, l'usage politique qui en est fait, cela donne ce que cela donne.Sans cette indigence et cet usage, on n'en serait pas à des distributions en fanfare où tous ceux qui sont exclus de la «fête» éprouvent naturellement un sentiment d'injustice qui ne s'exprime que très rarement dans des mécontentements apaisés.Sinon, le logement social, comme son nom l'indique, est partout ailleurs destiné aux plus faibles socialement et s'acquiert par une requête individuelle qui doit être «étudiée» individuellement.L'accès, lui, obéit à des priorités dont l'ordre est très rarement contesté, les revendications portant généralement sur le nombre réalisé dans chaque municipalité ou autre collectivité territoriale.Voilà qui nous amène à ce qui doit boucler la boucle du désespoir. Pendant longtemps seule formule d'accès au logement, il a continué à être considéré comme tel. Avec ce qui va avec. Passe-droits, trafics en tous genres, iniquité et insuffisance de disponibilités. Et ça se termine parfois comme à El Ménéa.Slimane Laouari




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