En détournant les locaux commerciaux de leur vocation pour faire campagne, les partis politiques veulent monnayer leurs services et gagner des voix en prévision du scrutin.
On aura tout vu et tout entendu. Après la zlabia du Ramadhan et le mouton de l'Aïd, c'est au tour des formations politiques de faire parler d'elles, en prenant d'assaut les locaux commerciaux qu'elles ont transformés, le temps d'une campagne électorale, en QG pour être plus près des citoyens et les pousser à voter pour eux lors du scrutin du 29 novembre prochain.
Si pour les partis en lice, cette pratique n'a rien d'illégal et que ce n'est pas la première fois qu'ils y ont recours pour promouvoir leur image, pour les citoyens, par contre, ce troc constitue une atteinte grave aux textes de lois en vigueur et, qu'en le tolérant, les pouvoirs publics les pénalisent et les obligent à effectuer parfois plusieurs kilomètres pour effectuer leurs achats quotidiens. Que ce soit à Alger, Oran, Constantine ou dans n'importe quelle autre ville du pays, de nombreux commerçants appâtés par le gain, se sont prêtés au jeu, en transformant leurs locaux en permanences des partis politiques jusqu'aux élections.
Pour beaucoup d'entre eux, c'est une occasion inespérée pour se faire un peu d'argent et oublier un peu le temps des vaches maigres. Peu importe si les citoyens sont dérangés dans leurs habitudes ou s'ils ne sont pas d'accord. D'ailleurs, ceux qui habitent les quartiers populaires sont incommodés par ces va-et-vient incessants et surtout par cette musique qui s'échappe des hauts-parleurs des permanences et qui dure parfois jusqu'à une heure tardive de la nuit Ceux qui les gèrent sont souvent des jeunes recrutés dans le quartier. Beaucoup ne sont pas structurés et ne sont là que parce qu'on leur a proposé un petit job grassement payé. On se demande, du reste, d'où est-ce que les partis politiques ou les candidats puisent tout cet argent utilisé durant la campagne électorale' Selon certaines indiscrétions, des locaux auraient été loués à 5000 dinars la journée. Pour le gouvernement, les élections du 29 novembre prochain revêtent une importance capitale pour le pays et pour les millions d'électeurs appelés à choisir leurs représentants. Pour ce faire, il n'a pas lésiné sur les moyens, permettant même aux candidats qui activent dans le secteur public de bénéficier d'un congé payé à l'occasion de la campagne électorale. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a adressé une note dans ce sens aux membres du gouvernement afin qu'ils libèrent les candidats durant tout le temps que prendra la campagne. Cette décision fait suite aux difficultés dont avaient fait part de nombreux candidats qui avaient pointé un doigt accusateur en direction de leurs employeurs alors que des garanties leur avaient été données pour se consacrer entièrement et en toute tranquillité à la campagne électorale.
Pour la Cnisel, c'est là un avantage et une chance que n'ont, malheureusement, pas eu les candidats aux législatives sous l'ère Ouyahia. A l'inverse, on ne peut pas dire que la campagne électorale s'est emballée une semaine après son lancement. Les panneaux sont pour la plupart vides et les meetings animés par les chefs de parti ou des candidats sont boudés par les citoyens qui semblent avoir la tête ailleurs, en ne parlant que des matches de football ou de sport et rarement du scrutin. Un scrutin qui approche à grandes enjambées et pour lequel, pour l'heure, on ne semble pas accorder une grande importance.
Posté Le : 11/11/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kaci AGGAD
Source : www.lexpressiondz.com