Algérie

Liz Truss aux portes du pouvoir



Après un été de campagne et de quasi vide du pouvoir en pleine crise du coût de la vie au Royaume-Uni, la course à Downing Street touchait hier à sa fin, avec Liz Truss grande favorite face à Rishi Sunak. Sondages et ralliements successifs n'ont fait que confirmer l'avance considérable de la cheffe de la diplomatie de 47 ans sur l'ancien ministre des Finances de 42 ans, au sein du Parti conservateur, dont les adhérents devaient voter, par la poste ou Internet, avant 16h00 GMT.Le résultat sera proclamé lundi à la mi-journée et sauf coup de théâtre, Liz Truss deviendra mardi la quatrième Première ministre britannique depuis le référendum du Brexit, la troisième femme à ce poste après Margaret Thatcher et Theresa May. Elle succèdera à Boris Johnson, poussé à la démission début juillet par l'accumulation des scandales. Et sera très attendue pour répondre en urgence à la flambée des factures de l'électricité qui étrangle ménages, écoles, hôpitaux et entreprises, entraînant des conflits sociaux comme jamais depuis les années Thatcher (1979-1990). «Cela sera une très très grande surprise si elle ne gagne pas», explique John Curtice, politologue à l'université de Strathclyde, relevant «l'avance accumulée dans les sondages» et la capacité de la ministre à «séduire politiquement les adhérents conservateurs et articuler un message clair pour eux».
Politique chevronnée qui enchaîne les postes ministériels depuis 10 ans, Liz Truss a séduit la base en promettant des baisses d'impôt massives et adoptant un ton très dur contre les syndicats. Cela lui a valu d'être comparée à Margaret Thatcher, icône du conservatisme, que son rival s'emploie à en disputer l'héritage en champion de la prudence budgétaire. Rishi Sunak, petit-fils d'immigrés indiens qui deviendrait le premier Premier ministre non blanc s'il créait la surprise, pâtit d'une image de riche technocrate et de «traître» ayant précipité la chute de Boris Johnson en sortant du gouvernement, début juillet. Ce dernier reste regretté par une partie de la base, ces 160 000 à 200 000 adhérents, soit 0,3% de la population, -plus masculins, âgés et blancs que la moyenne- qui vont décider du Premier ministre. Le parti n'a jamais dévoilé leur nombre exact, au point qu'un site d'information l'attaque en justice pour demander plus de transparence. Mardi, Boris Johnson ira remettre sa démission à Elizabeth II dans sa résidence d'été de Balmoral en Ecosse, une première pour la souveraine de 96 ans qui ne fera pas le voyage à Londres. Son successeur suivra pour devenir le 15e chef de gouvernement des 70 ans de règne de la monarque, avant son premier discours devant le 10, Downing Street, puis former son gouvernement et affronter mercredi le chef de l'opposition Keir Starmer au Parlement.
La tâche s'annonce ardue avec une majorité divisée par les scandales, les velléités indépendantistes de l'Ecosse et les tensions post-Brexit en Irlande du Nord.
La crise du coût de la vie a pris un tour dramatique, avec l'annonce d'une hausse de 80% des factures d'énergie pour les ménages en octobre qui pourrait porter l'inflation, déjà à plus de 10%, jusqu'à 22% selon les prévisions les plus alarmistes.
Des transports aux postiers, en passant par les dockers et les avocats, les grèves continuent à s'étendre.e.


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