Liu Xiaobo provoque le régime chinois, même en prison

Lui, c'est Liu Xiaobo, 54 ans, intellectuel chinois de renom et ancienne figure de proue du mouvement démocratique de Tiananmen en 1989. Il est condamné, le 25 décembre 2009, à  11 ans de prison «pour subversion du pouvoir de l'Etat» après avoir été l'un des auteurs de la charte pour l'avènement de la démocratie en Chine. Réclamer le respect de la Constitution et la démocratie est donc une agression pour Pékin. L'action lui a valu l'emprisonnement. Pour son activisme, sa femme est, elle aussi, privée de liberté. Elle est assignée à  résidence surveillée. Du coup, aucun d'entre eux n'a pu faire le déplacement, le 10 décembre dernier à  Oslo en Norvège, pour recevoir le prestigieux prix Nobel de la paix 2010. Malgré la féroce opposition de Pékin, le prix a été décerné au symbole de l'opposition pacifique en Chine. Le Comité du prix Nobel n'a pas été impressionné par les menaces chinoises. La remise du prix à  l'intellectuel chinois est une leçon pour les dictatures du monde qui, en solidarité avec l'allié stratégique, ont décliné l'invitation du Comité du prix Nobel.
En effet, environ une vingtaine d'Etats refusant la démocratie et le respect des libertés de leurs propres citoyens se sont solidarisés avec le régime chinois. La Russie, la Tunisie, l'Egypte, le Soudan, le Maroc, Cuba… et l'Algérie, qui il n'y a pas longtemps faisaisaient campagne pour l'octroi du prix Nobel de la paix au président Bouteflika, n'ont pas fait le déplacement en Norvège pour assister à  la cérémonie. Ces pays qui sont, en majorité, des champions du monde de l'autoritarisme ont choisi, naturellement, d'être du côté de l'oppression. Mais cela ne leur fait pas honneur car le train de la démocratie continue à  marcher… Il finiront peut-être un jour par monter dedans. Il n'est jamais trop tard pour bien faire.