Algérie

Littérature israélienne Yasmine, l?amour au ton incertain



On s?attendait à une histoire d?amour d?égal à égal, à une histoire personnelle qui fait comprendre la grande histoire. Eli Amir se raconte, son personnage, Nouri, est son alter ego. Paris. De notre bureau C?est l?histoire d?un gentil occupant qui ne comprend pas que les colonisés soient si ingrats, qu?ils manquent de minimum de reconnaissance. C?est l?histoire de la colonisation « positive », répétée à l?infini. Si Eli Amir arrive à donner de l?épaisseur, une densité à ses personnages israéliens, il échoue lamentablement côté palestinien. Par moment, les clichés sont tellement risibles qu?on se demande si l?écrivain, ancien conseiller aux affaires arabes de Shimon Pérès, puis directeur général du ministère de l?Intégration, a réellement fréquenté des Palestiniens, des Arabes, selon l?expression israélienne. Le roman est donc l?histoire de Nouri, conseiller aux affaires arabes d?un ministre israélien, et de Yasmine, palestinienne chrétienne, de retour de ses études à Paris. Nouri tombe sous le charme de cette belle et intelligente jeune femme qui le repousse un peu. Cela se déroule au lendemain de la guerre des Six-Jours de 1967. La déroute des armées arabes est sans appel. L?armée israélienne en profite pour étendre son territoire et occupe Jérusalem ouest. La première partie du livre est prenante, Eli Amir réussit avec brio à installer une ambiance saisissante. On y croit, on entre dans un univers authentique. Puis, tout se dilue. Les personnages palestiniens deviennent caricaturaux, diffus, sans personnalité ; les deux associés d?un journal palestinien sont attachants puis tombent tout aussi vite dans un moule façonné par l?auteur à des fins nonlittéraires. Le chrétien est tolérant, ouvert, collaborationniste et le musulman obtus, intégriste, oui déjà en 1967 ! La jeune Yasmine, qui a fréquenté des responsables de l?OLP, accepte sans sourciller les contrôles humiliants, la spoliation des biens de son père, l?expulsion des paysans palestiniens de leurs terres. Elle n?est plus révoltée. Et Nour, fraîchement nommé aux affaires arabes, a des indignations sélectives et s?énerve quand les Palestiniens ne collaborent pas. Parce que c?est de cela qu?il s?agit. Israël exige de la collaboration et que les Palestiniens acceptent leur sort ! Et les résistants ? Des barbares à qui on peut confisquer terres et biens. Ils n?avaient qu?à collaborer. Nour se trouve dans un dilemme assez périlleux. Il aime la justice, celle de son pays. La justice du vainqueur. Au fil des pages, on comprend qu?il n?aime pas Yasmine mais la désire. Il veut la posséder, posséder son corps mais aussi son âme. Il aimerait qu?elle salue les bienfaits de la colonisation, de l?occupation, qu?elle voit en lui non pas un occupant, ce qu?il est d?ailleurs, mais un humaniste avec qui elle doit collaborer et aimer. Pourtant, on ne peut pas dire que l?auteur ne connaisse pas l?univers arabe. Né à Baghdad en Irak en 1937, Eli Amir émigre avec sa famille en Israël en 1950. Selon sa biographie officielle, il débute sa carrière comme coursier dans le bureau du Premier ministre, puis grimpe rapidement les échelons jusqu?à devenir conseiller aux affaires arabes du Premier ministre d?alors, Shimon Pérès. Spécialiste des problèmes sociaux des nouveaux immigrés, il est nommé directeur général du ministère de l?Intégration. Il est aujourd?hui, directeur général de la division des jeunes immigrants au sein de l?agence juive. Un spécialiste donc. Yasmine est à lire pour découvrir le regard d?un Israélien sur les Palestiniens, d?un homme politique partagé entre son humanité et son nationalisme. Yasmine, Eli Amir, Libella Maren Shell, 2008


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