Algérie - A la une

Littérature, histoire et religion en débat



Le cercle Frantz-Fanon de l'Office Riadh El-Feth (Oref) a abrité en cette fête de l'indépendance une rencontre à laquelle ont pris part Amin Zaoui et Kamel Bouchama, qui se sont épanchés sur le rapport de la société algérienne à son histoire, son identité et son islam.Jeudi dernier à l'Office Riadh El-Feth (Oref), le cercle Frantz-Fanon, en collaboration avec la revue Livrescq et la librairie la Renaissance, célébrait à sa manière la fête du 5-Juillet, avec une rencontre autour de la littérature et de l'histoire, à laquelle étaient conviés le romancier Amin Zaoui, et l'ancien ministre reconverti en écrivain, Kamel Bouchama. Devant un parterre de lecteurs, de journalistes et d'universitaires, les deux écrivains, sous la modération de Nadia Sebkhi, ont expliqué l'évolution de l'histoire de l'Algérie dans la littérature ? tout en réprouvant ses contre-vérités- à travers leurs ?uvres respectives.
Pour le chroniqueur et écrivain Amin Zaoui, qui présentait ses deux dernières ?uvres, à savoir L'enfant de l'?uf (éditions Barzakh, 2017) et La boîte noire de l'islam (éditions Tafat, 2018), c'est le passé et le présent linguistiques, religieux, politiques et ethniques de l'Algérie qui seront mis en lumière, au travers de l'histoire du chien Harys, protagoniste de L'enfant de l'?uf. "Mouloud Mammeri était entouré d'une sauvagerie politique, sociale, linguistique et ethnique de son vivant, comme les protagonistes de mon livre, Moul (en hommage à Mammeri) et son chien Harys, qui sont entourés d'inhumanité et de bestialité" a déclaré le chroniqueur. L'évolution religieuse de la société algérienne est aussi présente dans ce livre, qui traite des séquelles de l'islamisme à travers la marginalisation d'une réfugiée syrienne de confession chrétienne. "Même si l'islamisme a échoué, nous vivons dans une société intolérante et islamisée". Et de poursuivre : "Dans La boîte noire de l'islam, j'essaye de décortiquer notre rapport à l'histoire. Il faut nettoyer l'islam, il y a beaucoup de choses à effacer en 2018. On lit encore des choses qui sont inacceptables pour la raison et le bon sens". Pour l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Kamel Bouchama, c'est la question des origines, des bâtisseurs de notre nation et le devoir de corriger notre l'histoire qui furent au centre de son intervention. Il se demandera à ce propos : "Avons-nous écrit notre histoire honnêtement ' Depuis notre indépendance et jusqu'à aujourd'hui, nous n'avons, en vérité, pas commencé à écrire notre histoire". Et de renchérir : "Nous sommes esclaves de nos effets d'annonce, de nos balbutiements. Quand on parle d'histoire dans notre pays, on fait uniquement allusion à 54-62, on oublie qu'on doit plonger dans les profondeurs de l'histoire". Pour étayer ses propos, il évoquera son livre Luttes d'un peuple, émergence d'une nation (éditions Juba, 2013), où il revient à dix mille ans avant J.-C., pour comprendre nos origines et notre histoire. "Sommes-nous des Grecs, des Arabes ou des Berbères ' Ça créer des zizanies, des palabres, mais on n'a pas eu le courage de dire que nous sommes un peuple de Berbères qui a connu des étapes, avant de construire son identité actuelle".
Par ailleurs, les organisateurs de cette rencontre ont aussi convié l'initiateur de la journée du vivre-ensemble en Algérie, Khaled Bentounes, qui a prêché pour une culture du vivre-ensemble, sans laquelle la société "se fracassera". Un jeune intervenant s'interrogera "s'il était raisonnable de construire une mosquée à 3 MD de dollars dans un pays où tous les voyants économiques sont dans le rouge'". Une remarque qui lui a valu les ovations de l'assistance.
Yasmine Azzouz


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