Littérature féminine algérienne plurielle
3ème partie
D’une manière générale cette « petite histoire de la littérature algérienne féminine d’expression française de la période 1857 - 1950 « abordée par Aïcha Kassoul dans la revue du CRASC d’Oran, et dont nous avons esquissé un aperçu thématique, nous confirme que le terrain de l’écriture féminine épouse nettement les contours de l’histoire et la destinée d’une nation dans laquelle les femmes écrivaines se sentent impliquées, bien mieux ! « Tournant rapidement le dos au problème de l’assimilation et de l’aliénation, les discours des femmes revendiquent le droit d’être une personne à part entière ... « Aux discours de partis et de liberté, sont montées au créneau les voix d’opprimées et la revendication des droits de la concitoyenne à part entière, parallèlement à la remise en cause des tabous et des visions étriquées ou réductrices, ne cédant ni au moralisme outrancier de l’orientalisme ni à la séduction leurrante de l’occidentalisme .D’où cette tonalité sombre et cet aspect grave caractérisant l’ensemble de l’oeuvre de cette période et persistant même au-delà ... comme si l’écho de la première des voix qui s’est fait entendre, de Fatma Aït Mansour, répercutant sa vie d’éternelle exilée, faite de douleurs et de rares moments de joie, est constamment perceptible à travers les œuvres de ses successeurs ou continuateurs, en général, marqués par la saga des Amrouche (Fatma Aït Mansour et ses enfants Taos Amrouche et Jean Amrouche).
Au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, nombreuses sont les plumes qui se sont tues, après avoir dit, par les mots, leurs espoirs, leurs luttes, leurs souffrances et leurs éphémères moments de joie également. Mais la génération post-indépendance qui suit, saura introduire une marque originale dans cette littérature, proposant des écritures nouvelles, des regards différents sur la réalité sociale et culturelle algérienne. A l’image de Assia Djebbar, cette grande dame de la littérature féminine algérienne d’expression française qui continue d’écrire, innovant sur le plan style et contenu, tout autant que les œuvres d’autres écrivaines qui ont atteint une ampleur et une dimension universelle. Alors que la création poétique se fraye une voie originale, amputée du verbe de Anna Greki, disparue trop tôt, après avoir laissé une poésie étonnante de vivacité, de lucidité et d’anti-conformisme, l’auteur inoubliable de «Algérie, capitale Alger « (Paris, P.J. OSWALD, Tunis, SNED 1963, préfacée par Mostefa LACHERAF).
Ayant commencé des études supérieures à Paris, Anna Greki interrompt sa licence de littérature pour s’engager dans la résistance. Arrêtée en 1957, elle est incarcérée à Barberousse, puis est transférée en 1958 au camp de Beni Messous. Expulsée, fin 1958, elle rejoint en 1962 l’Algérie où elle achèvera sa licence de français et y enseignera jusqu’au 6 Janvier 1966, date de sa mort brutale. Elle compte une autre publication, « Temps forts « (Paris, présence Africaine, 1966), et des textes inachevés, dont un roman... Le souvenir de la poétesse qui s’est battue pour l’Algérie ressurgira certainement à l’avenir.
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A suivre...
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Posté Le : 21/11/2006
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com