L'événement a eu pour théâtre le café littéraire du cinéma Djamel. Après l'annonce du programme par le modérateur Saâdoune Bouabdellah, M. Boudia, président du café littéraire, présente l'invitée, Anya Mérimèche, venue présenter son 4e ouvrage, Transition, composé de 4 parties. La première nouvelle est une description d'Alger, pleine de poésie. «lorsqu'il pleut, l'odeur de la chaussée mouillée enivre avec les parapluies qui se déploient sur les trottoirs en un arc-en-ciel dégoulinant.» On commence à percevoir une idée sur le titre de l'œuvre «Transition» : «Cette fascination abusive que j'ai pour l'âge adulte. En fait j'ai peur de devenir adulte ou plutôt d'oublier ce que c'est d'être jeune.»La 2e nouvelle «Trou noir» décrit la déprime d'un jeune. La 3e partie de l'ouvrage évoque les sentiments d'un cinquantenaire qui n'est pas satisfait de sa vie. Bosco met en scène Chris et son oncle Barry qui n'arrive pas à se remettre de la perte de son épouse, Lucy. Le livre se termine par un conte, voyage de Suleimane, dont le sujet ressemble aux créations précédentes avec les mages, les animaux terrifiants. Il met en scène Suleimane, pauvre bûcheron, qui acquiert la bague aux pouvoirs magiques permettent au héros de traverser de dangereux écueils et conquérir le cœur de sa bien-aimée.Dans cet ouvrage, Anya décrit des êtres tourmentés, évoluant dans le labyrinthe de leurs pensées mais ne cherchant nullement à en sortir. Ils ne semblent pas malheureux car résignés. C'est en quelque sorte la déception de la transition. On retrouve ce sentiment chez Chris, «se lever le matin en se disant qu'il était temps de voguer vers de nouveaux horizons. C'est comme se retrouver dans une chambre où il y a tout qui donne sur une pièce dont on a l'interdiction d'ouvrir». Les personnages sont déboussolés, «Chris ne pouvait dire s'il faisait chaud ou froid, si elle était femme au foyer ou avait écouté sa raison au lieu de son cœur et avait mené sa barque loin, très loin».En parcourant les pages, on constate que l'auteure est montée en force dans la narration. On perçoit cette transition qui évolue vers la maturité. Anya nous révèle que Transition est du brut contrairement à son habitude de perfectionniste qui caractérise ses précédents ouvrages. Le débat a été passionnant.A une question du D.'aà't Djida, la conférencière précise que Transition est au singulier car il ne s'agit que du passage de l'adolescence à l'âge adulte et celui du lycée vers le monde de l'université.Concernant la première nouvelle, elle commente : «Quand le ciel est gris, ça va bien avec l'architecture d'Alger, ça ajoute de la carrure.» Pour Trou noir, elle rectifie, «ce n'est pas du pessimisme, c'est du doute, tout simplement». Elle nous révèle que «Transition a eu un succès auquel je ne m'attendais pas. Il est très apprécié par les parents qui sollicitent mes conseils car il dévoile les pensées cachées de leurs enfants auxquelles il ne peuvent accéder. Les jeunes sur Facebook se reconnaissent dans cet écrit et louent mon honnêteté, ma sincérité. Je me livre avec spontanéité. C'est du noir, c'est du gris, mais c'est du vrai. Cela ne veut absolument pas signifier que j'écris pour faire pleurer les chaumières. En rédigeant cette dernière création, j'ai été habitée par la hantise de la voir ressembler à la précédente (nos âmes ), ce qui aurait été une perte de temps.» A une question sur la littérature algérienne, elle regrette de ne pas avoir été «accrochée» par les 15 ouvrages qu'elle a consultés. C'est toujours le même sujet, se désole-t-elle. L'écriture pour elle est un moyen de communiquer. Elle laisse une partie d'elle-même dans chacune de ses productions. Elle pense que l'âge n'influe pas sur l'état d'âme de l'individu et de citer cette phrase extraite de la chanson les vieux de Jacques Brel «être vieux sans être adulte». Côte projets, elle s'attelle à traduire Transition en anglais. Avec deux de ses copines, elle projette d'éditer une fiction dans laquelle elle narrera la vie de trois colocataires. Anya a séduit l'auditoire par son sens élevé de la communication et sa modestie. Dans cette ville rongée par la morosité, elle a dessiné un très bel arc-en-ciel.
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Posté Le : 02/05/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Medjdoub Ali
Source : www.lesoirdalgerie.com