Algérie

Limoger ne suffit pas !



Il m'est déjà arrivé de parler de cette femme qui, au début du Ramadhan, avait joué des coudes pour acheter 10 bottes de coriandre. Comme si elle était absolument indispensable, la coriandre n'a pas échappé à la spéculation qui nargue à loisir chaque décision prise en haut lieu. Comme la pomme de terre, la tomate, la courgette... À Meissonier, la semaine dernière, un marchand m'a compté la botte à 25 DA. Lorsque j'ai ironisé sur le fait que, là aussi, ça avait augmenté, le marchand m'a répliqué : «Oui ! Depuis une semaine.» À l'extérieur, elle coûtait encore 20 DA. Mais, depuis, je ne sais pas comment les choses ont évolué. Je n'y suis pas retournée. Mais comment ne pas épiloguer sur la faim qui ronge les entrailles et sur ces familles qui, lorsqu'elles cessent d'espérer, vont au suicide ' Pourquoi s'en étonner quand, au lieu d'avancer, on se prend les pieds dans le tapis 'Pourquoi faut-il que ce soit, toujours, à des moments précis, aussi délicats, que les menaces de sévir fusent ' Parce qu'à bien tout comprendre, c'est le rôle de chacun de penser les choses de façon à ce qu'elles aillent comme elles devraient logiquement aller. La pomme de terre à 120 DA, le lait en sachet qui disparaît régulièrement des étals, le pain qui menace de manquer... Quand vous énumérez les problèmes et que vous faites mine de ne plus vouloir vous arrêter, quelqu'un, suivi d'un autre énergumène puis d'un autre excité, intervient soit pour appeler à vous assigner à résidence soit pour se réjouir de votre mal-être et vous reprocher de ne rien faire contre ceux qui affament le peuple et refusent de lui restituer ce dont ils le privent au quotidien.
Un vieux retraité m'a demandé d'écrire sur «la revalorisation des retraites programmée en principe chaque année au mois de mai». Décret présidentiel garantissant ou pas ladite revalorisation, il attend depuis six mois, et il n'est pas le seul à regarder les jours s'écouler et à tenter de comprendre pourquoi ce «silence assourdissant», dit-il, contre lequel butent les millions de familles qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté depuis que le dinar vaut ce qu'il vaut, c'est-à-dire quasiment rien.
M. B.


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