Algérie

Limogeage surprise du ministre de la Justice



Suspendue à tout ce qui a trait au gouvernement et à ses membres, eu égard à la pression populaire, pour ne pas dire autre chose, qui les met dans une position comme jamais peut-être un exécutif n'a eu à le vivre, l'opinion publique a encore eu, hier mercredi au début de l'après-midi, quoi se mettre sous la dent en information du genre à ne pas laisser de marbre, surtout que, de plus, les faits intervenus ont tout l'air de constituer une entorse à la Constitution.Elle est tombée en début d'après-midi d'hier, la nouvelle du limogeage de Slimane Brahmi, ministre de la Justice et Garde des sceaux, membre donc à l'importance majeure du gouvernement Bedoui. Ministère de haute autorité déjà en période sereine, mais qui a pris encore de l'aura avec tout ce qui constitue aujourd'hui le dossier de la justice. Par les temps qui courent, donc, où les cadres du pays ne courent pas autant qu'en temps normaux pour s'arracher les postes de haute responsabilité, le limogeage d'un ministre, qui plus est le Garde des sceaux et ministre de la Justice, peut passer pour tout ce que l'on veut sauf banal. Partant, la décision extrême du limogeage n'a dû être prise que pour une raison gravissime.
Slimane Brahmi n'est ainsi plus le Garde des sceaux attitré, a décidé le président de l'Etat, Abdelkader Bensalah, qui ne s'est pas arrêté là puisque le secrétaire général du ministère a lui également été prié de quitter les lieux. Désormais, c'est Belkacem Zeghmati, le procureur général de la capitale, qui hérite du portefeuille alors que Mohamed Zoughar prend le poste de secrétaire général du ministère de la Justice en remplacement de Samir Bourehil, le tout «conformément aux dispositions de la Constitution», est-il indiqué dans le communiqué présidentiel répercuté par l'agence officielle.
Une décision qui, évidemment, a fait son effet tant la conjoncture ne peut en principe s'accommoder de telles initiatives, aussi présidentielles soient-elles. Mais, il faut croire que les motifs ayant dicté cette extrémité doivent être plutôt d'un acabit qui ne prête à aucune espèce d'indulgence de la part du président de l'Etat quitte à, contrairement ce qui est dit dans le communiqué, commettre une entorse à ce qu'énonce la Constitution dans son article 104 ; le président en exercice dans le cadre de l'application de l'article 102 ne peut s'autoriser ni la dissolution de l'Assemblée ni toucher à l'exécutif hérité de Bouteflika.
Ce dont n'en a eu cure le président de l'Etat apparemment, puisque selon des milieux informés, les «manquements» attribués à Brahmi sont trop lourds pour que cela lui évite la porte de sortie malgré toutes les contraintes, constitutionnelles notamment, qui accompagnent l'exercice de la présidence de l'Etat par intérim.
Selon ces sources, c'est en premier la «facilité» avec laquelle s'en sort l'ex-ministre et chargé de la campagne présidentielle avortée, Abdelghani Zaâlane, qui a mis Brahmi dans le collimateur des maîtres du moment. Puis, il y a eu l'instruction du dossier de l'ex-ministre de la Justice, Tayeb Louh, qui comme l'écrivait il y a quelques jours le Soir d'Algérie, a fait l'objet d'un traitement singulier. En effet, à l'inverse de tous les autres anciens ministres et hauts responsables ayant comparu jusqu'à l'heure dans des affaires liées à la corruption, l'enquête qui cible l'ex-ministre de la Justice a été confiée à l'Office central de répression contre la corruption. De quoi susciter bien des interrogations.
Et puis, comme si la coupe n'était pas pleine, il y a eu cet épisode surréaliste de ce que l'on peut, désormais, communément appeler «l'affaire Khalida Messaoudi», l'ex-ministre de la Culture portée en fuite à l'étranger alors que, elle, soutient qu'elle se trouve bel et bien à Alger, ce que d'ailleurs des journalistes ont pu vérifier. Ce qui n'a pas trop joué en faveur de la justice, il faut en convenir.
Azedine Maktour


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