Algérie

Ligue des états arabes



Amr Moussa, le pompier désarmé Sur le Liban, Amr Moussa est à la fois confiant et alarmiste. Malgré leur accord sur le candidat en la personne du commandant en chef de l?armée, le général Michel Sleimane, opposition et majorité continuent de se déchirer sur des questions politiques et procédurales. « Il faut un amendement à la Constitution. C?est en train de se faire. Le candidat est connu et fait l?unanimité, mais c?est avant tout une affaire libano-libanaise. Il est très important que les Libanais se mettent d?accord sur le candidat et l?élisent très vite. Nous sommes inquiets pour le Liban mais nous voyons les prémices d?un accord. A défaut d?accord et de solution rapide, le Liban fera face à de grandes difficultés. Le Liban ne doit pas tomber dans le piège irakien avec sa guerre ethnique et confessionnelle. La suppression de l?échéance présidentielle peut engendrer des troubles très graves », avertit le secrétaire général. Questionné sur le nucléaire militaire iranien et le rapport des Renseignements américains qui disculpe Téhéran, M. Moussa s?est montré ferme. Pour lui, le coupable est à chercher du côté de Tel Aviv. « L?opinion prédominante à laquelle nous sommes arrivés est que la région du Proche et Moyen-Orient n?a pas besoin du nucléaire militaire, mais uniquement du civil pour ses besoins énergétiques. Il est indispensable d??uvrer pour un Moyen-Orient dénucléarisé. Pourquoi se concentrer sur l?Iran et laisser de côté Israël ? En se basant sur les rapports de l?ONU et de l?AIEA, il n?a pas été prouvé que l?Iran procède à un programme militaire. Depuis l?expérience irakienne, nous n?avons plus confiance dans certains rapports. Il faut se concentrer sur le programme militaire israélien ». Concernant la situation en Somalie, le secrétaire de la Ligue des Etats arabes fait aveu d?échec et d?impuissance. « Nous avons tout fait ! Nous avions lancé un signal d?alarme dans le passé, nous voulions éviter l?émiettement du pays au profit des seigneurs de guerre. Il y a eu plus de trois conférences de réconciliation. En Somalie, il y a eu des problèmes intérieurs qui nous ont empêchés de parvenir à un accord. Il est vrai qu?il y a eu des influences régionales, mais tout dépend du peuple somalien s?il veut un Etat fort ou s?il se satisfait de la situation actuelle. Dans la Corne d?Afrique, il y a plusieurs conflits en plus de celui de la Somalie, mais il faut garder espoir même si la situation peut sembler désespérée », se défausse M. Moussa. A une question sur la crise du Darfour, il rebondit pour dire son hostilité à la présentation du conflit comme une guerre entre Arabes et Africains. « Nous voulons avec l?Union africaine une approche commune. La décision de l?UA sera nôtre. Je rends hommage au président nigérian, Olusegun Obasanjo, pour ses efforts. Toutes les fautes ne sont pas du côté de Khartoum. Le Soudan a accepté l?envoi de la force hybride. L?Egypte a proposé l?envoi de 3000 soldats. Le département du maintien de la paix au sein de l?ONU n?a pas encore donné son feu vert. L?ONU a décidé de déployer la force hybride au printemps prochain. » Il est revenu sur la rencontre d?Annapolis pour dire que la normalisation avec Israël n?est pas à l?ordre du jour. « Les pays arabes participants, dont partis d?un constat : le processus de paix est gelé et les implantations de colonies sont toujours aussi importantes. Or, nous voulons que le processus de paix reprenne et que les colonies cessent. Pour avoir la paix, il faut un processus global avec la Syrie et le Liban. Nous avons de réels doutes sur les intentions d?Israël. La situation humanitaire à Ghaza est catastrophique. Cela est dû au blocus israélien. Israël ne s?est pas retiré de Ghaza ; sinon il aurait informé le Conseil de sécurité », remarque M. Moussa. Le secrétaire général de la Ligue arabe n?a pas caché son scepticisme sur l?union méditerranéenne prônée par le président français. « Le processus de Barcelone a toujours cours malgré un certain ralentissement. On attendait du processus de Barcelone l?instauration d?une zone de libre-échange en 2010. Or, nous sommes en 2008 et rien n?a encore été fait. Je ne peux pas donner mon avis sur l?union méditerranéenne ; il n?y a aucun document dessus et on ne nous a rien expliqué ! On dit que c?est pour fermer la porte à la Turquie en lui ouvrant une fenêtre. Si un seul pays est visé par cette union, on n?a rien à y faire dedans. Personnellement, je suis assez réservé », conclut le diplomate.


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