La circulaire subordonnant le droit de sortie du territoire national des chercheurs et des enseignants de l'Université algérienne à l'accord préalable du ministère de l'Enseignement supérieur confirme, malheureusement, que la tendance générale de la situation des libertés en Algérie est en train de décliner de manière inquiétante. Le sort infamant, honteux et déshonorant réservé aux enseignants universitaires n'est pas seulement le fait d'un ministre zélé, peu soucieux de la notion de liberté de pensée ou de liberté tout court, mais, plus grave, l'expression d'un pouvoir résolument engagé dans un projet de mise au pas de la société. Et les faits tendent de plus en plus à le prouver.Comment, effectivement, ne pas craindre le pire pour les libertés individuelles et collectives en Algérie dès lors que l'odieuse circulaire signée par le ministre de l'Enseignement supérieur fait suite à une tentative, il y a quelques mois à peine, du département de l'Intérieur de « ficher » tous les Algériens au moment de l'introduction du passeport biométrique électronique ' Le même ministère de l'Intérieur s'est aussi tristement illustré, dernièrement, en soumettant les maires à une obligation quasi similaire à celle qui vient de toucher les enseignants universitaires.A n'en point douter, il ne s'agit pas là d'un fait isolé. L'obligation faite aux chercheurs algériens de se munir d'un laisser-passer à chaque fois qu'ils viennent à quitter le territoire national s'ajoute à une liste déjà longue d'interdits représentant la nouvelle ligne rouge que la population est sommée de ne pas transgresser. Une ligne rouge qui, pour ainsi dire, considère désormais les libertés démocratiques arrachées au prix du sang durant les années 1990 comme des actes de trahison ou de subversion passibles de la Cour de sûreté de l'Etat. Il en est ainsi du droit de manifester ou du droit de grève que le pouvoir veut absolument renier. Et ce ne sont certainement pas les syndicalistes de la santé ou de l'éducation ' qui se font bastonner à longueur d'année dans les rues de la capitale et se font embarquer comme de vulgaires malfrats ' qui diront le contraire. Le topo n'est guère plus reluisant dans le secteur des médias, indicateur par excellence de la santé de la démocratie dans un pays.Au moment où les nations du monde entier, y compris les plus pauvres, ouvrent, multiplient la mise en place de contre-pouvoirs pour prévenir les dérives autoritaires et mettent les moyens pour que leurs populations s'expriment et s'émancipent, l'Algérie s'entête encore à interdire la création de télévisions et de radios privées et redouble d'ingéniosité pour étouffer l'expression libre. Les communiqués d'alerte régulièrement rendus publics par les organisations de défense des droits de l'homme ne sont certainement pas exagérés. L'Algérie est bien en train de se fermer et de suivre le sinistre exemple de la Corée du Nord. Et comme dans toutes les sociétés engagées dans les eaux troubles de l'autoritarisme, ce sont toujours les intellectuels que l'on cherche en premier à « castrer » et à tenir en respect. Cela, quand bien même ils peuvent produire des satellites ou encore envoyer des fusées dans l'espace. C'est la raison pour laquelle le pire est à craindre.
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Posté Le : 19/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Zine Cherfaoui
Source : www.elwatan.com