Algérie

Lifting pour la casbah d'Alger



Dans un article publié dimanche sur le site « Arab News », la journaliste Hakima Bedouani revient sur la restauration des monuments, palais et mosquées de la casbah d'Alger. D'emblée, elle estime impératif que « l'implication des habitants soit effective ». Après quatre ans de travaux, écrit-elle, l'îlot Bouhired a été entièrement restauré «Il s'agit d'innover en matière de gestion afin d'établir des mesures incitatrices et faire en sorte que l'implication des habitants soit effective». Cependant, pour ce faire, ces derniers clament qu'ils n'ont pas les moyens financiers nécessaires pour participer pleinement à cette ?uvre qu'ils soutiennent sans réserve aucune. Sept projets de réhabilitation de monuments et édifices historiques comme le palais du Dey, le palais Hassen Pacha, la mosquée El-Berrani sont en cours de réalisation en'Algérie. Dotés d'un budget de 23 milliards/DA, octroyé par la direction des équipements publics (DEP), les programmes de restauration des monuments et édifices historiques concernent une première phase avec11 projets programmés et une deuxième phase avec trente-trois autres, a-t-elle noté. Rencontrée par la journaliste, Fatma Larbi, architecte et responsable du projet, a précisé que les études préalables, les cahiers des charges et l'avis d'appel d'offres des trente-trois projets prévus sont en cours de finalisation. Selon elle, les taux d'avancement des travaux ont atteint 65'% au palais du Dey,'47'% au palais des Beys et 98 % au niveau de la « Poudrière ». La « Poudrière de la citadelle d'Alger » appelée communément « Dar El Baroud », symbole incontournable de la Casbah, a été réhabilitée. Les travaux de rénovation de la mosquée El-Berrani, ou la mosquée dédiée aux étrangers de la Casbah qui se trouve tout en haut de la citadelle, ainsi que des monuments mitoyens, ont atteint respectivement un niveau de'50'% et de 75'% pour les maisons historiques de la rue des Frères Slimani. Quant aux travaux de la mosquée du Dey et la maison historique de la famille Bouhired, ils sont terminés. Après quatre ans de travaux, l'îlot Bouhired a été entièrement restauré. Il s'agit d'un ensemble de quatre maisons comprenant la demeure historique de la famille Bouhired M'barek, un lieu historique qui a servi de refuge à des figures emblématiques de la Guerre de Libération nationale telles que Djamila Bouhired, Hassiba Ben Bouali, Larbi Ben M'hidi, Ali Amar, dit «Ali la Pointe», Zohra Drif, Yacef Saâdi?et tant d'autres, qui s'y réfugiaient dans des cachettes bien dissimulées dans les maçonneries. Mehdi Ali-Pacha, architecte du patrimoine, agréé par le ministère de la Culture et des Arts, et fondateur de l'agence d'architecture éponyme, qui a mené de nombreux projets d'études et de restauration à Constantine, à Annaba, à Bouïra, à Oran et particulièrement à la casbah d'Alger où il a été chargé en 2016 par la wilaya d'Alger de restaurer l'îlot Bouhired, estime que le chantier est complexe. Fragilité des édifices, manque de main-d'?uvre qualifiée? sont autant de points négatifs qui retardent l'?uvre de restauration. Ali-Pacha précise qu'une priorité a été accordée aux artisans de la casbah d'Alger pour toute contribution artistique. Il citera le dinandier Saïd Adnane, installé dans le même quartier qui avait pour mission de réparer et confectionner toutes les pièces en cuivre nécessaires au chantier. De même pour les ateliers de céramique, sollicités pour la « reproduction des pièces à l'identique ». Quant à la réalisation des boiseries, elle a été confiée à un artisan de Tlemcen, spécialiste de l'ébénisterie d'époque. Unanimes sont les architectes chargés du programme de restauration pour dire que les chantiers de la casbah d'Alger, un site classé au patrimoine mondial, sont « lourdement endommagés et délicats à restaurer ». Mehdi Ali-Pacha explique que lors de l'élaboration de l'étude de restauration, il a été constaté un état de dégradation très important au niveau des structures, particulièrement au centre de l'îlot Bouhired. «La réhabilitation de ces bâtisses a nécessité des travaux de consolidation importants et lourds. Il s'agissait d'abord, de « stopper la dégradation, renforcer et sauvegarder les structures ». Ensuite vient le travail de la restauration de la céramique, des plâtres, des colonnes, du marbre et des boiseries», observe-t-il. Interrogée sur la complexité des chantiers du vieil Alger, Houda Bendib, docteure en'architecture et fondatrice des Ateliers « HB ? Architectes » ainsi que du Cabinet « O millimètre Près », à Paris, explique à « Arab News » que la dégradation du tissu urbain résulte bien évidemment de l'effet du temps, mais surtout de « l'absence d'une volonté politique forte capable d'insuffler une véritable politique patrimoniale.». «Limiter les interventions de sauvegarde aux seuls palais et maisons bourgeoises est à la fois une vision étriquée du patrimoine et le signe d'un urbanisme privilégiant la fabrication d'espaces nouveaux à la sauvegarde des espaces existants. Tout le paradoxe de la gestion urbaine est là», souligne-t-elle. «Toutefois, il convient de signaler que le discours officiel sur la Casbah s'est enrichi de la notion de « réhabilitation sociale », autrement dit une gestion urbaine plus proche des préoccupations des habitants et la mise en ?uvre de l'exercice de la concertation, de même que les groupes sociaux à l'origine de ces associations sont très hétérogènes», ajoute-t-elle. De son côté, Athmane Bourras, membre de la « Fondation Casbah », une association active depuis trois décennies, regrette, de son côté, le « manque d'engagement des autorités locales » concernant les appels de la société civile à participer à la réhabilitation des maisons effondrées ou celles nécessitant une consolidation urgente.
Même constat pour Nabila Fekhardji, présidente de « Fen wa Assala » ou «Art et authenticité», une association qui ?uvre à la préservation du patrimoine matériel d'Alger. Dans une déclaration à l'APS, elle a déploré «une absence totale de coordination entre les associations et une rupture avec les pouvoirs publics». Elle plaide pour l'établissement d'un cahier des charges qui permettrait aux associations, en collaboration avec les professionnels du secteur comme les architectes, historiens et archéologues, d'apporter un soutien important aux projets de restauration des sites historiques dans le pays.


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