Algérie

Lifting ou révolution'



Lifting ou révolution'
La «déwahhabisation» est-elle en marche en Arabie saoudite' Tout donne à le croire au regard du remue-ménage qui secoue le Royaume wahhabite depuis quelques semaines, dont le pic a été atteint samedi soir par l'arrestation «spectaculaire» de princes, bien cotés en cour, de cadres, de ministres (anciens et actuels), de gradés de l'armée. La grande lessive! Du jamais-vu au royaume intégriste. Il semblerait donc qu'il y ait une fin, même celle des ultraconservateurs, qui, un jour, pouvaient éprouver le besoin de se remettre en question. Est-ce le cas' C'est fort possible, sinon probable, eu égard à la détermination que montre le prince héritier Mohammed Ben Salmane, à aérer quelque peu un Royaume qui a perdu ses marques et souffre de ses contradictions. Lifting' Révolution' Seul l'avenir dira ce que l'actuel homme fort du Royaume wahhabite veut pour son pays. Toutefois, ce «lifting» est voulu et pris en charge par le jeune prince héritier, décidé à rétablir et conduire (enfin) l'Arabie saoudite dans son siècle. Outre d'être le prince héritier, Mohammed Ben Salmane (32 ans) qui occupe les postes clés du royaume (vice-Premier ministre, ministre de la Défense en plus de quelques autres postes tout aussi prégnants) semble avoir les moyens et la capacité d'aller au bout de ses idées. Sous couvert de campagne anticorruption, l'opération coup de poing menée samedi soir par la justice saoudienne, semble toutefois avoir d'autres perspectives que seulement redonner cours à la loyauté dans les affaires. En fait, cette purge, inédite en Arabie saoudite, prend, par sa vastitude - elle a touché quasiment tous les milieux: princier, politique, cultuel, militaire et des affaires - les allures d'un nettoyage par le fond. La chaîne satellitaire Al-Arabiya (à capitaux saoudiens), indiquait dimanche dernier que 11 princes - dont le multimilliardaire Al-Waleed ben Talal (propriétaire notamment des chaînes de télévision satellitaires Rotana) ont été appréhendés samedi soir - quatre ministres et des dizaines d'ex-ministres ont été arrêtés outre le limogeage des chefs de la Garde nationale et de la Marine. En septembre dernier, ce sont des religieux et des intellectuels influents qui ont été mis aux arrêts. Cette «chasse aux sorcières» qui ne dit pas son nom, a les apparences d'une attaque frontale contre le wahhabisme socle doctrinaire qui meut l'Arabie saoudite depuis sa fondation. Un dogmatisme qui a fait beaucoup de mal dans le monde, particulièrement dans les pays arabes et musulmans. C'est dire si le royaume des Al-Saoud était en exigence d'une remise en cause, devenu un anachronisme dans le monde du troisième millénaire. Il est vrai que le royaume - dirigé depuis un demi-siècle, par des souverains octogénaires, le roi Abdallah est mort à 91 ans en janvier 2015, remplacé par le roi Salmane al-Saoud qui accéda à la royauté à 81 ans - malgré son incroyable richesse, était le seul pays au monde où il n'existait pas de salles de spectacle et le cinéma était banni, où la séparation entre les hommes et les femmes, la règle, alors que les femmes étaient des mineures à vie [un fils pouvait être le tuteur de sa mère]. C'est d'autant plus contradictoire que l'Arabie saoudite ne lésinait pas sur les dépenses pour former les Saoudiennes et les Saoudiens [ses universités comptent parmi les meilleures dans le Monde arabe] dont nombreux sortaient des universités des Etats-Unis. Dans les faits, le décalage est «colossal» entre la réalité saoudienne et un monde qui aspire à conquérir l'espace. Or, l'Arabie saoudite reste, à ce jour, le seul pays arabe à avoir envoyé un homme dans l'espace en 1985 (le prince Sultan ben Salmane, fils de l'actuel roi Salmane). Dans une Arabie où pullulent les milliardaires en pétrodollars, un tiers de la population (donc près de 10 millions de personnes) vit sous le seuil de la pauvreté. En fait, c'est cela le visage contrasté de l'Arabie saoudite de 2017 où subsiste un reliquat d'esclavage. Une Arabie saoudite qui balance entre modernité et obscurantisme. Reste maintenant à savoir si Mohammed Ben Salmane sera le futur Thomas Cromwell (1485-1540, réformateur de la royauté anglaise) ou seulement un «Roi Soleil» (Louis XIV, roi de France et de Navarre, 1638-1715 dont le règne dura 72 ans). C'est de fait le dilemme du futur roi Mohammed Ben Salmane: laisser l'image de l'homme qui aura modernisé un royaume fermé, ou celle d'un autre autocrate absolu comme l'ont été ses prédécesseurs. Telle est la question.!


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