Algérie

Lieux conjugués au féminin


Lieux conjugués au féminin
Les femmes sont de plus en plus nombreuses à s'attabler aux terrasses de café et siroter un café. Elles ne se contentent plus des salons de thé dont beaucoup ont mauvaise réputation. Certes, elles ne sont pas encore nombreuses, mais d'aucuns n'hésitent pas à parler de « phénomène ». Il n'y a pas si longtemps, il était impensable, voire inimaginable de voir une femme ou une jeune fille seule ou accompagnée sirotant un jus ou un café. La plupart préféraient être discrètes, à l'abri des regards. Le plus souvent, elles se confinaient aux premiers étages pour ne pas susciter les regards désapprobateurs. Depuis quelque temps, elles semblent faire fi des mauvaises langues. Des femmes seules ou en groupes n'hésitent plus à s'attabler et commander des crêpes, des jus, du thé. Concentrées ou rêveuses, elles oublient et s'évadent des quatre murs du bureau ou de la maison. Pour beaucoup d'entre elles, s'attabler à la terrasse d'un café ou d'un salon de thé est synonyme de repos et d'un moment propre à soi. Pour d'autres, c'est un endroit idéal pour un rendez- vous important sous un parasol et une boisson servie par un personnel professionnel et aimable. Certaines viennent de loin, parfois de l'intérieur du pays, et attendent, patiemment, l'heure de la visite d'un proche à l'hôpital. Ne connaissant personne, elles profitent pour se reposer et passer le temps. Lors d'une journée ensoleillée, qu'il est bon de sortir vers dix sept heures en compagnie d'amies. Elles partagent un moment amusant où les rires fusent au moindre lapsus ou à l'évocation de savoureux souvenirs.Rencontres et déliceLes femmes aux terrasses de café ou salon de thé ont été unanimes à dire que boire son café ou déguster une glace sous un parasol lorsque les circonstances le permettent est un délice. Elles reconnaissent que ce n'est pas encore ancré dans les m'urs, mais « les choses bougent dans le bon sens ». Elles ont évoqué, tour à tour, le retour de la sécurité, la qualité de service et la météo qui y est pour beaucoup dans cette « évasion ». « Une journaliste du Figaro, raconte Nadia Dridi, présidente de l'Association nationale de promotion de la jeunesse, était subjuguée et sous le charme en voyant des moutahadjibate attablées, riant et blaguant avec des copains ». Pour Nadia Dridi, qui prend souvent son café sur une terrasse, la raison de sa présence est simple. « C'est tout simplement pour m'asseoir, me reposer et me remettre les idées en place en attendant d'étudier les dossiers de la jeunesse » nous dit-elle. A la rue Ben-M'Hidi-Larbi, la terrasse d'un salon de thé ne désemplit pas. Des couples, des femmes seules ou des jeunes filles y affluent. Des femmes, en toute sérénité, sirotent un thé, lisent le journal, papotent entre elles. A la rue Didouche-Mourad, la terrasse d'un autre salon compte également une clientèle féminine fidèle. Nadjah et Souraya sont des habituées des lieu. Le serveur connaît très bien leurs habitudes. Une à deux fois par semaine, elles se rencontrent sur cette terrasse lorsque la météo le permet. Les deux amies ne peuvent imaginer se voir ailleurs. L'une habitant l'est et l'autre l'ouest, c'est leur point de chute idéal pour discuter de moult choses de la vie qu'elles partagent en commun. Comme le hammam, les salles des fêtes, les rencontres lors des fêtes religieuses, les femmes ont besoin d'espaces pour exprimer leur désir et fuir la monotonie des travaux ménagers. Certes, les salons de thé et de café sont perçus encore comme des endroits réservés aux hommes où il serait malséant de s'aventurer. Toutefois, une brèche est ouverte dans les grandes villes. Seront-elles de plus en plus nombreuses à s'y engouffrer '.


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