photo : Hichem BEKHTI
Petit village de la commune d’Oulhaça, dans la wilaya d’Ain-Temouchent, Sidi Yacoub est surtout connu pour sa célèbre mosquée.
Construite en 1338 par Sidi Yacoub bnou el Hadj el Tlemçani, un des descendants de Fatima-Zahra, fille du Prophète Mohamed (QSSSL), elle sera destinée à l’enseignement du Coran aux habitants du village et à ceux alentour.
Sidi Yacoub est né à Tlemcen vers la fin du XIIIe siècle, sous le règne du prince Abdelwadide Abou Said Othman (1282-1303). C’est dans sa ville natale qu’il entame son cursus scolaire, étudiant le Coran, dès l’âge de 8 ans, notamment auprès de son père El-Hadj. Plus tard, il étudiera les sciences islamiques et approfondira ses connaissances en jurisprudence, surtout à Fez, alors capitale des Mérinides. De retour chez lui, il exerce d’abord la fonction de cadi avant de s’installer, dès la première moitié du XIVe siècle, à Oulhaça, non loin d’une plage caillouteuse (aujourd’hui plage Sidi Yacoub). Il avait alors pour habitude de faire face à la mer et de méditer. On raconte qu’un jour, alors qu’il se trouvait sur le sommet de la falaise, il vit un voilier espagnol, pris au cœur des vagues. L’ancre est jetée et un canot se dirige vers le rivage. Une fois à terre, les marins demandèrent à Sidi Yacoub : « Serais-tu marabout et aurais-tu jeté un sort contre nous ?», ce à quoi il répondit : « Pas du tout. Je cherche seulement à me procurer du bois de construction ». Ils ajoutèrent alors : « Aide-nous et nous t’en ramènerons à notre prochain voyage », il rétorqua : « Pas la peine, quand vous serez en Espagne, mettez le bois en pile, liez-le puis jetez-le à la mer en disant : pour toi sidi Yacoub ! Et cela me parviendra ». Ils repartirent et, une fois arrivés à bon port, ils lui firent parvenir le bois demandé.
Ce matériau servira à la construction d’une mosquée de « forme carrée, au style andalou et maghrébin avec une toiture à 3 rangées parallèles soutenues par des arcades en cintre brisé et de gros piliers. Le plafond est en arbalétrier et en bois sculpté, semblable à ce qu’on voit à Fez et à Tlemcen, datant de la période mérinide et zianide. »
Une fois achevée, Sidi Yacoub y passera beaucoup de temps. La mosquée faisait face à la mer et son emplacement était stratégique, notamment au plan militaire, d’ailleurs, elle sera, un temps, un point de surveillance contre les attaques ennemies qui venaient de la mer. A ce titre, un jour de l’année 1503, des pirates portugais, à bord de sept voiliers, tenteront une incursion mais les villageois, aidés des habitants de la région parviendront à les repousser.
Il se consacra dès lors à l’enseignement du Coran et des préceptes de l’islam et les habitants d’Oulhaça, Béni Khaled et Médiouna viendront s’instruire et s’abreuver à la source de son savoir. Versé également dans le soufisme, il éclairait ses congénères de ses connaissances de jurisconsulte, devenant rapidement un saint adulé et respecté pour sa foi, sa sagesse et son altruisme.
Sidi Yacoub mourut en 1410 et c’est son fils Ali, après lui son petit-fils fils Sidi Berramdane El-Khalifa et tous les autres descendants qui poursuivront sa mission.
Connue dans toute la région, la zaouïa de Sidi Yacoub accueillera de grands noms, à l’image de l’Emir Abdelkader, son bras droit El-Bouhmidi El-Oulhaçi, cheikh El-Bouabdelli de Bethioua (Arzew).
Durant la colonisation, la zaouïa jouera un grand rôle puisque c’est là que les troupes de l’Emir Abdelkader parviendront à venir à bout des forces coloniales françaises, en 1836 lors de la bataille de Sidi Yacoub. Au lendemain du déclenchement de la guerre de libération en 1957, la mosquée de Sidi Yacoub servira de cachette pour les djounoud. Repérée, elle sera bombardée par l’aviation et de nombreux combattants périront en martyrs. La mosquée sera en partie rénovée et ce, grâce à l’engagement des habitants et des fidèles. La zaouïa est aujourd’hui au cœur de la vie cultuelle d’Oulhaça.
En visite dernièrement dans la région, Azzedine Mihoubi, ministre de la Culture, a fait savoir que le dossier de classement de la zaouïa de Sidi Yacoub sera soumis prochainement à son département ministériel par la Direction de la culture de la wilaya afin que le site soit examiné par des experts qui se prononceront ensuite sur son classement en tant que site protégé.
Hassina Amrouni
Source:
http://oulhassa.e-monsite.com/
Livre de Said MOUAS (Ain Témouchent à la recontre du feu sacré)
Posté Le : 23/08/2017
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Par Hassina AMROUNI
Source : Publié le 08 déc 2015 par memoria.dz