Calmement, froidement, les stratèges du renseignement américain préparent
minutieusement le départ du colonel Mouammar Kadhafi, en butte depuis trois
semaines à une insurrection armée qu'il tente de mater en provoquant autant une
guerre civile que le départ de centaines de milliers d'étrangers du pays.
Les Etats-Unis, qui soupèsent actuellement les possibilités d'intervenir
pour résoudre la crise en Libye, s'efforcent de mieux cerner la nébuleuse des
opposants au régime du colonel Kadhafi. Pour connaître les acteurs et leurs
attentes, l'ambassadeur américain en Libye, Gene Cretz, et d'autres
responsables ont rencontré au Caire des membres du Conseil national de
transition, dirigé par l'ancien ministre libyen de la Justice, Mustafa Abdel
Jalil. Rapportant la rencontre, le porte-parole du département d'Etat, Philip
Crowley, a dit «ne pas exclure» des contacts entre les Etats-Unis et d'autres
opposants libyens, qui se trouveraient eux en Tunisie. «Nous parlons avec un
groupe étendu de dirigeants, et avec ceux dont nous pensons qu'ils peuvent,
potentiellement, influer sur les événements en Libye», a-t-il expliqué, prenant
acte de la situation évolutive sur le terrain. De son côté, la Secrétaire
d'Etat américaine, Hillary Clinton, a affirmé que les Etats-Unis souhaitaient
que l'Onu prenne la décision d'instaurer une zone d'exclusion aérienne
au-dessus de la Libye. Cette mesure, appuyée par la Ligue arabe, l'UE et
l'Otan, empêcherait les avions libyens de bombarder les villes aux mains des
insurgés, et bloquerait la navigation aérienne dans le ciel libyen. «Nous
pensons qu'il est important que l'Onu, et non pas les Etats-Unis, prenne cette
décision (de créer une zone d'exclusion aérienne). Et jusqu'à présent, l'Onu ne
l'a pas fait», a déclaré Mme. Clinton dans une interview à la chaîne de télévision
Sky News. Elle a ajouté que la France et la Grande-Bretagne préparaient un
projet de résolution au Conseil de sécurité de l'Onu imposant une telle zone.
Par ailleurs, les annonces de soutien à l'opposition s'accélèrent. Ainsi, le
Parlement européen a demandé mercredi à l'Union européenne de reconnaître le
Conseil national de transition (CNT), après que les chefs des grands groupes
politiques du Parlement européen se sont prononcés en ce sens, mais avec des
nuances, au cours d'un débat sur la situation humanitaire en Libye «Nous devons
commencer le processus de reconnaissance du Conseil national de transition
comme représentant du peuple libyen», a réclamé le chef de file des Libéraux et
démocrates Guy Verhofstadt, qui a fait venir à Strasbourg deux représentants de
l'opposition libyenne. «Nous devons neutraliser le plus rapidement le pouvoir
de Kadhafi de tuer les gens», a ajouté l'ancien.
Premier ministre belge
En Libye, les combats font toujours rage entre insurgés et forces
pro-Kadhafi. C'est la ville de Ras Lanouf, important port pétrolier sur la côte
méditerranéenne, qui subit actuellement le plus fort des pilonnages de l'armée
de Kadhafi. Mercredi, une vingtaine d'obus d'artillerie de l'armée libyenne
sont tombés à proximité d'une position tenue par des insurgés. Une vingtaine
d'obus au total sont tombés à Ras Lanouf. Les insurgés qui tiennent tête à
l'armée libyenne ont répliqué par le tir d'une quarantaine de roquettes de type
Katioucha montées sur deux camions et de deux missiles antiaériens, dont l'un a
touché une antenne relais téléphonique à près de 2 km alors que les tirs
d'artillerie intensifs se poursuivaient, selon les mêmes sources.
«Aujourd'hui, nous avons établi
des positions défensives plus en avant. Hier, nos forces ont avancé vers Ben
Jawad mais nous avons été repoussés parce qu'il y avait un pilonnage intensif»,
a dit à des journalistes le colonel Massoud Mohammed, en référence à cette
localité située à quelque 30 km plus à l'ouest et reprise dimanche par les
forces loyales au colonel Kadhafi. «Les forces de Kadhafi sont à Ben Jawad, ils
occupent la mosquée et l'école. Aujourd'hui, nous n'attaquons pas encore»,
a-t-il ajouté. Il a également fait état de quatre frappes aériennes près de Ben
Jawad mercredi matin, ajoutant que plusieurs insurgés avaient été blessés, sans
plus de détails. De son côté, Mouammar Kadhafi continue de voir «la main
d'Al-Qaïda» sur ce qui se passe dans le pays et accuse les Occidentaux de
comploter contre son régime et de vouloir contrôler le pétrole en Libye. «Si
Al-Qaïda réussit à s'emparer de la Libye, alors la région tout entière,
jusqu'en Israël, sera la proie du chaos», a-t-il averti dans un entretien à la
chaîne publique turque TRT. Il a ajouté que «les pays colonialistes trament un
complot pour humilier le peuple libyen, le réduire à l'esclavage et contrôler
le pétrole», a-t-il dit à la télévision libyenne, accusant les rebelles d'être
des «traîtres» soutenus par Al-Qaïda et appelant «les habitants de Benghazi» à
«libérer» la ville.
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Posté Le : 10/03/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com