Algérie

Libye: Tous les regards se tournent vers Syrte



La bataille de Syrte, fief de Mouammar Kadhafi et où le leader libyen se serait retiré avant qu'il ne disparaisse depuis la chute de Tripoli mardi, a commencé. Dans le flot d'informations contradictoires sur les combats, la progression des rebelles et le nombre de victimes, il est évident que la rébellion a marqué plusieurs points. Après Tripoli, l'attention est maintenant focalisée sur la ville de Syrte, un des derniers bastions tenus par les forces de Mouammar Kadhafi, que les rebelles estiment «prenable», mais pas avant 10 jours. Les troupes rebelles ont progressé en direction de la ville à partir de l'est et à partir de l'ouest et tentent de négocier une reddition, mais se disent prêts au combat si cela est nécessaire. «Notre but n'est pas un bain de sang, notre but est la libération», a affirmé le colonel Salem Mouftah al Refaidy lors d'une visite à Benghazi. ‘'Nous ne voulons plus faire couler de sang, en particulier parmi les civils, enfants, personnes âgées, femmes», a-t-il ajouté. ‘'Mais il n'est pas question d'un retour en arrière, pas question d'un retrait», a-t-il ajouté. «C'est fini. Les jeux sont faits». En fait, beaucoup redoutent que la bataille pour la prise de Syrte soit beaucoup plus meurtrière que celle pour contrôler Tripoli, la capitale, dans laquelle des cadavres continuent de joncher certaines rues. Un grand nombre de fidèles du colonel libyen se sont repliés et regroupés dans cette localité et disposent d'importantes installations militaires. Selon l'Otan, les kadhafistes ont tiré plusieurs missiles Scud contre les appareils de l'Alliance à partir de cette ville. Par ailleurs, après une série de victoires samedi dans l'ouest, les rebelles ont annoncé la chute sur le front Est de Ben Jawad, à 140 km à l'est de Syrte.

Dans l'ouest du pays, des combats à l'arme lourde opposaient hier dimanche les forces loyales à Kadhafi aux rebelles pour le contrôle de la localité de Ragdaline. Les combats ont commencé à la mi-journée après que les rebelles sont tombés dans un piège dans cette localité située au sud-ouest de Zouara, à une soixantaine de km à l'est de la frontière tunisienne, ont indiqué plusieurs d'entre eux. «Les gens de Ragdaline nous ont dit que l'on pouvait entrer en paix et ils ont commencé à nous tirer dessus», a expliqué Alla Mansouri, 27 ans. «Nous étions environ 50, nous sommes entrés pacifiquement mais ils nous ont piégés, ils ont tiré à la mitrailleuse lourde 14,5 et au lance-roquettes RPG. Ça tirait beaucoup», a dit un autre rebelle, Nabil Boukra, 25 ans. Tout l'après-midi, le bruit des combats résonnait dans la localité fantôme. Les forces loyalistes tiraient des obus de mortier, des roquettes et à la mitrailleuse lourde. Les rebelles, également visés par des tireurs embusqués, répliquaient au canon et à la mitrailleuse lourde. Les combats ont fait un mort et quatre blessés, selon un infirmier de l'équipe médicale d'urgence sur place, Ayoub Ben Khalifa.         

Par ailleurs, des unités de combattants se préparaient à partir vers le désert du sud. Et d'autres rebelles visaient Bani Walid, à une centaine de kilomètres au sud-est de Tripoli, localité réputée très fidèle au «Guide», et dont un convoi de 60 à 80 véhicules des forces loyalistes en fuite a pris la direction samedi.

L'Union africaine refuse toujours de reconnaître le CNT

A l'étranger, la diplomatie internationale fait feu de tout bois pour aider les nouveaux maîtres de la Libye. La Ligue arabe a demandé à l'ONU de débloquer «les fonds, les avoirs et les biens revenant à l'Etat libyen», et de permettre au Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion, d'occuper le siège de la Libye dans ses diverses instances. Et, en dépit des inquiétudes sur sa bizarre composante, très hétéroclite, plus d'une cinquantaine de pays ont déjà reconnu le CNT comme autorité légitime en Libye. Mais, dans ce ballet diplomatique plutôt favorable aux rebelles, l'Union africaine maintient sa position vis-à-vis du CNT et refuse toujours de le reconnaître en tant que représentant légitime du peuple libyen, «tant que les combats persistent». L'UA, qui regroupe 53 pays, a refusé vendredi de reconnaître le CNT, jugeant la situation militaire encore trop instable, et réitérant à la place ses appels au dialogue. Pour un responsable de l'ONG Human Rights Watch, Aloys Habimana, ‘'ne pas comprendre que les tueries de Kadhafi torpillaient sa légitimité et faisait de lui quelqu'un qui a plus sa place devant un tribunal international qu'à une table des négociations a été une erreur terrible» de l'UA. De son côté, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a affirmé que les Nations unies comptent jouer un rôle essentiel de coordination dans l'avenir de la Libye, souhaitant déployer rapidement une mission de l'ONU sur le terrain au moment où la situation est entrée dans une phase finale et décisive. «Les défis sont énormes», a relevé le chef de l'ONU lors d'une réunion par vidéoconférence avec des chefs de l'Union africaine, de la Ligue arabe, de l'Union européenne et de l'Organisation de la coopération islamique.

La vie reprend à Tripoli

A tripoli, où la situation était calme dimanche, la vie reprenait progressivement. Des problèmes d'approvisionnement en eau étaient signalés dans plusieurs quartiers en raison de défaillances techniques et non de sabotage. Les magasins étaient bien achalandés et le secteur de la santé reprenait normalement, avec des hôpitaux bien pourvus en médicaments. En ce qui concerne le manque de carburant, 30.000 tonnes de carburant sont arrivées par bateau et ont été distribuées hier dimanche. Un second navire doit accoster aujourd'hui avec une cargaison de diesel de même taille. Dans le domaine de la santé, le docteur Najib Barakat, lui aussi membre du conseil local, s'est voulu rassurant: «Nous avons assez de fournitures médicales pour les 3 à 4 prochaines semaines, pas tout mais nous avons les choses les plus importantes», et «des fournitures arrivent de Benghazi». Dans la capitale libyenne, l'après-Kadhafi a commencé, même si des cadavres jonchent encore certaines ruelles du centre-ville, alors que la chasse aux «noirs», soupçonnés d'être des mercenaires, devient problématique.




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