L'attentat à la voiture piégée de jeudi dernier, qui a fait sept morts, dans le centre de Benghazi (Est de la Libye) a ravivé les craintes d'une nouvelle escalade de violences depuis que le maréchal Khalifa Haftar a lancé, début mai, l'offensive sur Derna, la seule ville de l'Est qui échappe à son contrôle. Il a surtout rappelé au reste du monde la présence des hommes de Daech éclipsés par l'actualité syrienne. Alger comme Paris ont dénoncé ce énième attentat, tout en rappelant l'urgence d'une solution politique qui passe par la tenue d'élections et, pour la France, de «l'unification des forces armées sous l'autorité du pouvoir civil».Aujourd'hui s'ouvre dans la capitale française, et sous le patronage de l'Elysée, une conférence internationale sous l'égide de l'ONU avec pour objectif d'ouvrir la voie à des élections d'ici la fin de l'année en Libye. L'Algérie d'acteur majeur dans la démarche réconciliatrice de ce pays sera représentée par son Premier ministre. Macron, en décidant d'inviter chez lui, à la table des négociations, les actuels hommes forts de la Libye, veut prendre la main et imposer son agenda malgré les efforts déployés par l'Algérie, depuis des années, et dont la diplomatie milite inlassablement pour un dialogue inclusif inter-libyen à travers ses contacts avec toutes les parties en présence.
Si la France s'engage pleinement, en prenant à témoin la communauté internationale, pour aller le plus rapidement possible vers la tenue d'élections législatives et présidentielle, c'est que les efforts déployés jusqu'à maintenant ne vont pas aussi vite qu'elle le voudrait. L'allusion est directe et sont concernés le triumvirat (Alger-Le Caire et Tunis) ainsi que l'instance onusienne. Macron veut passer en force en conviant les pays qui peuvent faire pression sur les hommes en vue de la Libye, garants de leurs intérêts et influence. La démarche française, qui tend à simplifier les institutions pour que ne garder qu'une seule Banque centrale et un seul Parlement, c'est-à-dire un pouvoir central, va à l'encontre de la vision algérienne d'une sortie de crise qui exclut «toute interférence étrangère dans les affaires de la Libye».
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Posté Le : 29/05/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com