Face à la vague houleuse de la contestation qui frappe le Moyen-Orient et le Maghreb, pris dans l'étau du projet impérial américain, la Ligue arabe reste sans voix. Dans le «nouvel Irak» qui se dessine, le rôle de faire-valoir et d'alibi a largement prévalu dans l'appel au conseil de sécurité qui a permis la légitimation de la deuxième expédition occidentale lancée dans le monde arabe de l'inaction, de l'arriération dans toutes ses formes et du déficit démocratique. Bien au-delà du débat sur les réformes vouées aux gémonies par les forces de la résistance au changement, la Ligue de la désunion n'a donc pas tiré les enseignements adéquats de la première guerre du Golfe qui a fait voler en éclats ses fondements unitaires.«L'affaire des Arabes», la Libye en l'occurrence, a fait pire : elle a armé la coalition internationale, tirée vers le désastre par le seul couple infernal franco-britannique rêvant de leadership, et lâchée par le BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) et des puissances européennes influentes (Allemagne).A l'ombre du «groupe de contact» évanescent et de l'Otan prenant les commandes de toutes les opérations, l'Organisation oanarabe s'est distinguée par l'absence de toute iniative, à l'image de l'Union africaine proposant une médiation et un plan de sortie de crise crédible. «L'après-Kadhafi» pose la problématique de la Ligue arabe interpellée par le défi de la communauté de destin, incapable de riposte commune et traversée par la prévalence des égoïsmes nationaux. Le cas symptomatique du Qatar, abritant le Centcom US et armé de la «CNN locale» pour postuler à un rôle régional. En consultation étroite avec les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite, occupée par l'affaire du Bahreïn en proie à l'agitation chiite, le royaume des Al Hamad Ben Hamed El Thani a signé son engagement militaire, par delà la profession de foi humanitaire.Le «rôle essentiel» du Qatar, vanté par le ministre français de la Défense, Gérard Longuet en visite sur la base de La Sude (île de Crète), se résume à une participation militaire internationale de ses six avions Mirage 2000-5 «2 fois par jour» à côté de deux avions français. Tout comme Paris, Doha a reconnu le Conseil national de transition de Benghazi. Elle sera, en conséquence, la prochaine étape qui abritera la conférence internationale du Groupe de contact appelé à se dissoudre dans l'Otan. A Londres, la présence sans «aucune objection» de certains pays arabes (Jordanie, Emirats, Qatar et Maroc) participe du souci des faiseurs de coalition d'éviter de donner un caractère de «croisade» préjudiciable à l'opération menée en Libye. Le marchandage est érigé en ligne de conduite. En contrepartie d'une «contribution à caractère humanitaire avec les appuis logistiques nécessaires» du Maroc qui se dit en contact avancé avec le CNT, le satisfecit français conforte le roi Mohamed VI qualifié de «visionnaire». Lors de la conférence conjointe, tenue avec son homologue marocain, Taïeb Fassi Fihri, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé n'a pas manqué de faire l'éloge du «modèle» marocain.«J'ai pu rappeler combien nous admirons la détermination du peuple et des autorités marocains à avancer vers la voie d'une démocratisation pacifique et sereine selon leur propre modèle», a-t-il déclaré. En somme, toute la faillite de la Ligue arabe est là : un Etat arabe assiégé par d'autres Etats arabes.
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Posté Le : 01/04/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Larbi Chaabouni.
Source : www.horizons.com