Algérie

Libye : Misrata dans «l'enfer afghan»



Libye : Misrata dans «l'enfer afghan»
Misrata est pour le front Ouest ce que Ajdabia est pour le front Est : le principal verrou des deux places fortes du régime et des insurgés. Autour de ce passage obligé vers la capitale libyenne, rendu aléatoire par les revers militaires successifs de l'opposition armée, la bataille pour le contrôle de Misrata s'avère décisive pour l'issue finale du conflit de plus en plus marqué par le péril redouté de l'enlisement. Le retrait tactique des troupes de Kadhafi, postées «à l'écart de la rue de Tripoli» érigée en ligne de front, a laissé planer le spectre de la guerre civile appréhendée en «leurre» par le porte-parole militaire du Conseil national de transition, le colonel Omar Bani. L'entrée en scène des tribus, pouvant rassembler jusqu' à  60.000 hommes, selon le vice-ministre des Affaires étrangères Khaled Kaim, est toutefois présentée comme une offre de négociation à  la rébellion appelée à  déposer les armes dans les 48 heures. Mais, la «trêve» avortée a replongé la 3e ville libyenne dans l'enfer des combats sanglants. La reprise des affrontements a fait, hier, au moins 28 morts et une centaine de blessés. Misrata qui renoue avec la violence est la marque sanglante de l'expédition rêvant de la chute rapide de Tripoli. Sous le couvert de la «mission militaro-humanitaire» au sol, l'intervention occidentale consiste à  braver les interdits de la résolution onusienne qui donne mandat seulement pour l'instauration de la No Fly Zone et la «Â protection des civils ». Par cet autre artifice, Paris,  Londres et Rome, essentiellement, se préparent au débarquement des navires de guerre, chargés de médicament et de nourriture, et au déploiement des troupes. La recette à  la Gbagbo autorise, au nom de la protection et de la sécurisation de la «mission humanitaire», une implication militaire sur le terrain des opérations pour tenter de dépasser le statu quo jugé intenable. Des bâtiments de la marine britannique font déjà route cers Chypre, alors que l'Union européenne (UE) se prépare à  apporter sa caution à  l'envoi des troupes pour garantir l'acheminement de l'aide. Le piège de l'interventionnisme qui va au-delà du mandat onusien, se ferme sur la coalition réfractaire, comme de bien entendu, à  toute solution politique négociée et tentée par l'aventure néo-coloniale aux conséquences désastreuses. L'ancien commandant des forces alliées lors de la 1ère guerre du Golfe, le général Patrick Cordingley, souligne qu'il y a «un réel danger à  envoyer des conseillers sur le terrain. La prochaine étape va àªtre de conseiller des rebelles sur les techniques de combats, puis ensuite de leur fournir des armes et de les entraîner afin qu'ils puissent les utiliser». L'engrenage est alors enclenché. Car, explique Cordingley, «vous vous retrouvez alors avec une guerre civile à  grande échelle sur les bras. Le danger vient du temps que tout cela prend. Entraîner des armées étrangères prend beaucoup de temps comme cela a été démontré en Afghanistan». L'afghanisation de la Libye ' Un scénario qui ne laisse pas indifférent le contingent des «afghans libyens» en route vers Misrata. Dans une interview diffusée, hier, dans la chaîne de télévision NBC, le sénateur républicain John Mc Caïn, de retour de Benghazi, se dit convaincu que la persistance de l'impasse profiterait à  El Qaïda. «Plus on attend, plus le risque d'impasse est élevé. Et si le risque qu'Al-Qaïda prenne part au conflit vous inquiète, sachez que rien ne profitera  plus rapidement et dangereusement à  Al-Qaïda qu'une impasse».


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