Des luttes intestines pour le pouvoir retardent la formation en Libye d’un gouvernement transitoire annoncé en principe pour cette semaine, a indiqué hier l’AFP citant des politiciens. «Nous sommes confrontés à la mentalité libyenne qui veut que chaque tribu, chaque région, chaque ville ait sa part dans le nouveau gouvernement. Or, nous n’avons toujours pas libéré tout le territoire et (le dirigeant déchu Mouammar) El Gueddafi garde toute sa capacité de nuisance», a expliqué samedi le président du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil. Ancien ministre de la Justice de Mouammar El Gueddafi et un des premiers à faire défection pour rejoindre la rébellion, Moustapha Abdeljalil a admis que des «divergences de points de vue» entre les membres du CNT et de son bureau exécutif avaient retardé cette annonce attendue initialement le 18 septembre.
Des divergences qui cachent des luttes intestines pour le pouvoir, monopolisé pendant 42 ans par le «Guide», en fuite depuis plus d’un mois. «Comment garantir une représentation réclamée à cor et à cri par les tribus, les régions, les villes dans un gouvernement transitoire de 18 membres», s’interroge un membre du CNT à Benghazi, alors qu’un homme politique parle de «lutte pour le pouvoir». «Ces gens, qui dirigent le CNT ou le bureau exécutif, sont un pur produit du système El Gueddafi et sont en train de reproduire ce même système» dans leurs tractations et leur gestion du pays, assure cet homme politique qui a préféré garder l’anonymat. «Celui qui détient le pouvoir, détient la richesse», c’est-à-dire le pétrole, d’où l’appétit de certains pour les postes de responsabilité, ajoute-t-il.
Le représentant de la région de Djofra au sein du CNT, Moustapha Al Houni, plaide pour une «représentation équilibrée» au sein du nouveau gouvernement, appelé à gérer la transition en attendant de nouvelles élections et la rédaction d’une nouvelle Constitution. «Nous ne sommes pas favorables au système de quotas, nous sommes pour une représentation équilibrée, notamment pour les régions du sud de Libye marginalisées depuis 40 ans par l’ancien régime», a relevé Al Houni. Les luttes pour le pouvoir cachent aussi des velléités idéologiques entre les acteurs politiques de la nouvelle Libye, tiraillés entre libéraux et islamistes.
Les islamistes libyens, force politique montante dans la période de l’après-Mouammar El Gueddafi, se présentent sous un visage modéré et se disent prêts à partager le pouvoir dans le cadre d’un Etat démocratique. Mais l’un des leaders islamistes libyens, cheikh Ali Sallabi, a lancé récemment une attaque au vitriol contre l’un des représentants du courant libéral, le numéro deux du CNT, Mahmoud Jibril, l’accusant de jeter les bases d’un Etat totalitaire. Ce religieux influent, soutenu par le Qatar et qui a financé et armé une bonne partie des combattants anti-El Gueddafi, a accusé Mahmoud Jibril d’«utiliser l’argent et le pouvoir pour bâillonner les Libyens». Il a affirmé samedi que la priorité pour lui est la libération de tout le territoire et le rétablissement de la sécurité pour les Libyens et que la lutte pour les portefeuilles ne doivent pas entraver cette priorité.
«La lutte contre le régime d’El Gueddafi ne doit pas être un critère pour obtenir un poste ministériel», a-t-il martelé. Reconnu par l’ONU comme représentant du peuple libyen, le CNT a annoncé le 2 septembre qu’il comptait diriger le pays jusqu’à l’élection dans huit mois d’une Assemblée constituante, avant des élections générales un an plus tard. Mais, a expliqué un émissaire de l’ONU, Ian Martin, le délai de huit mois ne devrait débuter que lorsque les nouvelles autorités, qui disent contrôler actuellement 90% du territoire libyen, auront déclaré la «libération» totale du pays.
Arrêt de l’aide humanitaire fin novembre
Par ailleurs, l’ONU prévoit de mettre un terme à ses opérations d’aide humanitaire d’urgence en Libye fin novembre, a indiqué hier un haut représentant onusien et repris par l’AFP. La «planification» de l’aide humanitaire «pour le moment est prévue pour les prochaines huit semaines et jusqu’à la fin du mois de novembre», a déclaré le coordonnateur humanitaire de l’ONU en Libye, Panos Moumtzis, lors d’une conférence de presse. «Nous espérons qu’à ce moment, le pays entrera dans une nouvelle phase», a-t-il ajouté. Il a fait valoir que les autorités libyennes auront désormais besoin d’un appui plus «technique» de l’ONU afin de favoriser le «développement et la construction» du pays à travers, notamment un processus de «réformes électorales» et du système judiciaire. Panos Moumtzis a expliqué que c’est le CNT qui a indiqué à l’ONU qu’il souhaitait et pouvait se charger des questions humanitaires fin novembre. C’est «ce que le Conseil (CNT) nous a demandé... (les Libyens) pensent qu’ils sont prêts à assurer d’ici fin novembre l’achat de médicaments, de nourriture», a-t-il dit.
Le responsable onusien a jugé qu’ «on sent à Tripoli» un vent «d’optimisme». Il a toutefois fait part de sa «très grande préoccupation» face aux combats à Bani Walid, à 170 km au sud-est de Tripoli, et Syrte, un des derniers bastions de l’ex-dirigeant déchu El Gueddafi. Ces récents affrontements ont provoqué d’importants déplacements de population. Quelque 24 000 personnes ont fui Bani Walid et près de 2000 ont quitté Syrte, selon l’ONU.
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Posté Le : 27/09/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Rédaction internationale
Source : www.elwatan.com