Algérie

Libye: Les drones américains en action



Le régime libyen a annoncé qu'il allait confier aux tribus loyalistes la ville rebelle assiégée de Misrata, où les combats ont fait dix morts samedi au moment où des drones américains ont procédé à des frappes en Libye pour la première fois depuis le début du conflit. D'intenses combats se sont déroulés à Misrata (ouest), faisant au moins 10 morts, a indiqué à l'AFP un responsable de l'hôpital qui était samedi matin débordé par une affluence de blessés, dont des soldats pro-Kadhafi. Explosions et coups de feu résonnaient toujours samedi dans cette ville côtière à 200 km à l'est de Tripoli, théâtre depuis plusieurs semaines d'une guérilla urbaine meurtrière entre rébellion et forces gouvernementales.

En réponse aux appels à une intensification des opérations aériennes de l'Otan, le ministère américain de la Défense a annoncé qu'un drone armé avait mené ses premières frappes dans le pays. «Les premières frappes d'un Predator se sont déroulées en Libye samedi en début d'après-midi», a déclaré un porte-parole du Pentagone.

Le Predator est un type de drone, avion sans pilote guidé à partir du sol. Le président Barack Obama avait autorisé jeudi le recours à ces drones, même si l'armée américaine, très impliquée lors des premières semaines de l'intervention de la coalition, entend désormais rester en retrait des actions militaires contre les forces pro-Kadhafi.

A Tripoli, le vice-ministre des Affaires étrangères, Khaled Kaaim, a annoncé le retrait des forces gouvernementales de Misrata, précisant que les tribus environnantes loyales au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi avaient pour mission de mettre fin au conflit dans cette ville par la négociation ou par la force. Les raids aériens empêchaient l'armée d'appliquer sa tactique «chirurgicale» dans la ville, a-t-il expliqué.     La mobilisation d'habitants des villes voisines, comme Bani Walid ou Zliten, fiefs de la tribu des Werfella, la plus nombreuse et la plus loyale au régime, semble destinée à compliquer la tâche de l'Otan en impliquant ces «civils». Elle ne devrait cependant pas apporter de changement majeur sur le front, car une grande partie des habitants concernés combattrait déjà à Misrata, sous la bannière de l'»armée populaire» composée de milices de «volontaires».

La communauté internationale a tiré la sonnette d'alarme concernant la situation humanitaire dans la ville assiégée. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a souligné que les conditions de survie des habitants se dégradaient, l'accès aux soins et à l'eau devenant problématique. A Tripoli, plusieurs explosions ont retenti vendredi soir et tôt samedi après un survol intensif de la capitale par des avions de chasse de l'Otan. L'Otan a annoncé avoir mené vendredi 197 sorties et raids, visant en particulier deux centres de commandement à Tripoli ainsi que trois chars, un bunker et deux radars près de Misrata.

Vendredi soir, des raids ont aussi visé la région de Zenten, au sud-ouest de Tripoli, où les accrochages se multiplient avec les rebelles qui tiennent plusieurs localités de la région, a rapporté l'agence libyenne Jana, faisant état de deux morts et trois blessés. Dans cette zone montagneuse où les combats ont fait des dizaines de morts depuis une semaine, les rebelles ont pris le contrôle de l'un des principaux postes-frontières avec la Tunisie. Ces deux dernières semaines, 15.000 Libyens ont fui vers la Tunisie dans cette zone, et le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés redoute un exode «plus important». Selon le HCR et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 550.000 personnes ont déjà fui la Libye. Un navire affrété par l'OIM est arrivé samedi à Misrata avec 160 tonnes d'aide humanitaire et devait quitter la ville pour Benghazi dans l'après-midi, en évacuant un millier de réfugiés étrangers, notamment Nigériens. L'OIM a déjà évacué de Misrata plus de 3.100 réfugiés de 21 nationalités. Devant le port, des centaines de familles libyennes faisaient la queue dans l'espoir d'embarquer, selon un journaliste de l'AFP.

Vendredi, le sénateur américain John McCain, en visite à Benghazi, bastion de la rébellion, a appelé le monde à reconnaître le Conseil national de transition (CNT) de l'opposition comme «la voix légitime du peuple libyen» et à armer les insurgés.




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